L'aveu amoureux et la demande en mariage font partie des situations universelles largement exploitées par la littérature, au point d'en devenir presque des clichés romanesques. Pourtant, le récit que fait de ce moment clé de son existence le narrateur du roman contemporain Les Echelles du levant, d'Amin Maalouf, propose des variations inattendues de cet argument classique de la littérature.
Le récit, par le point de vue adopté, rend compte d'une façon originale des impressions, des pensées et des sentiments parfois paradoxaux du narrateur. Ce jeune homme n'est d'ailleurs pas un amoureux banal et la narration met en évidence les traits particuliers de sa personnalité. Il s'agit enfin d'un texte qui nous parle d'amour - de la surprise de l'amour - et qui présente les manifestations et les procédés du lyrisme.
[...] Extrait de Les Échelles du Levant, Amin Maalouf L'aveu amoureux et la demande en mariage font partie des situations universelles largement exploitées par la littérature, au point d'en devenir presque des clichés romanesques. Pourtant, le récit que fait de ce moment clé de son existence le narrateur du roman contemporain Les Echelles du levant, d'Amin Maalouf, propose des variations inattendues de cet argument classique de la littérature. Le récit, par le point de vue adopté, rend compte d'une façon originale des impressions, des pensées et des sentiments parfois paradoxaux du narrateur. [...]
[...] Camus, en réaction contre la «sacralisation» de cette scène obligée du roman et pour la renouveler, l'avait démythifiée, banalisée dans L:Étranger sur un mode désespérant, lorsque Meursault répond à Marie qui lui demande s'il voulait se te marier avec elle. J'ai dit que cela m'était égal et que nous pourrions le faire si elle le voulait Maalouf, lui, revient à la tonalité lyrique mais il a su trouver une nouvelle façon de réactualiser cet épisode romanesque, désormais fréquent aussi dans le cinéma. Extrait J'avais tout débité d'un trait, de peur qu'elle ne m'interrompe, de peur que je ne trébuche sur les mots. Je ne l'avais pas regardée une seule fois. [...]
[...] Avec des yeux en larmes et un sourire de femme aimée. [...]
[...] Le narrateur rapporte un moment clé de son existence et adopte pour cela la focalisation interne, qui fait vivre au lecteur l'événement tel que l'a ressenti et vécu le jeune homme. Finalement, le lecteur n'entend pas la déclaration elle-même, qui est escamotée, résumée par un elliptique J'ai tout débité d'un trait l. 1). L:éclairage est en fait déplacé sur les modalités de la déclaration «débité[e] d'un trait», sur le jeu muet qui l'accompagne et sur l'absence d'échange de regards, soulignée par de multiples négations: ne l'avais pas regardée une seule fois» (l. ne l'avais pas regardée non plus» (l. ne regardais donc pas» (l. détournais les yeux» (l. 11). [...]
[...] Au contraire, le narrateur ne nous cache rien du tumulte intérieur - hypertrophié - qui le bouleverse et l'angoisse. Ces atermoiements entretiennent le suspense pour le lecteur: le temps est comme suspendu dans l'attente de la réponse; le rythme et la longueur des phrases des deux premiers paragraphes se contractent, à l'image de la tension de tout l'être du narrateur et de son extrême angoisse: la phrase «J'écoutais [ . ] soupir» (l. 13-14). Dans sa brièveté et la simplicité de sa structure, contraste avec la prolixité qui précède. [...]
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