Le récit commence par une mise en scène comique de la réaction de la communauté monastique au moment de l'attaque.
Une partie de l'armée ennemie, vient de faire une brèche dans les murailles du clos et les soldats sont en train de « dévaster toute la vendange » (...)
[...] détermination qui laisse présager un affrontement extraordinaire Conclusion : Ainsi, toute l'habileté de ce récit repose sur la théâtralisation de l'entrée en scène du héros de la guerre picrocholine. Celle-ci se fonde essentiellement sur l'opposition entre la passivité et la peur de la communauté des moines face au danger, et la détermination courageuse et énergique de Frère Jean qui tente en vain de les entraîner au combat. La description des moines incapables de chanter leurs psaumes tant leur voix tremble de peur, l'indignation grandiloquente du Prieur, mettent particulièrement en relief la figure sympathique de frère Jean et l'éloquence à la fois habile et comique de sa harangue. [...]
[...] La harangue de Frère Jean au chapitre des moines. C'est une tradition dans ce genre de récit que le héros harangue ses troupes avant le combat. Mais dans le cas présent, Frère Jean a fort à faire : il veut convaincre la communauté des moines que ce n'est pas en chantant des psaumes qu'ils sauveront leur vigne et que faute de vendanges, ils n'auront pas de vin. De manière comique, il commence son discours par un je me donne au diable formule surprenante au milieu d'une église, puis évoquant un avenir de quatre années sans vin, il adresse à Dieu cette prière : Seigneur Dieu, da mihi potum! [...]
[...] La peur leur ôte toute capacité de réflexion : à tout hasard, ils firent sonner au chapitre les capitulants . réagissant comme les autruches qui face au danger enfoncent leur tête dans le sable, ils se réfugient dans l'église. - l'ironie de Rabelais : ils décrétèrent qu'ils feraient une belle procession, à grand renfort de beaux psaumes contra hostium insidias (contre les embûches de l'ennemi) avec de beaux répons pro pace (pour la paix) (le répons est un chant exécuté par un soliste et répété par le chœur). [...]
[...] L'emploi répété de l'adjectif beau , ainsi que le choix des prières, soulignent ironiquement l'inadaptation de leur réaction face à l'agression des ennemis. - un crescendo dans l'intensité de la peur qu'ils éprouvent en reproduisant le bégaiement de leur chant : Ini, nim, pe, ne, ne, ne, ne, ne, ne, tum, ne, num, num, ini, mi,i, mi, co, ne, no, o no, ne, no, no,no, rum, ne num, num. : ils tremblent tellement qu'il sont incapables de prononcer d'une traite et jusqu'au bout les paroles du psaume. [...]
[...] Ils attendront que la bataille soit pratiquement gagnée pour mettre le nez dehors. Rabelais nous décrit alors l'attitude des moines adultes qui ne sont bons qu'à confesser les mourants, et celle des moinillons, qui n'ont pas encore perdu l'ardeur batailleuse des gamins de la campagne et qui, eux, vont prendre part aux délices du massacre en égorgeant, sur ordre de Frère Jean, les mourants. L'entrée en scène d'un héros providentiel : Frère Jean des Entommeures. Le portrait du héros : Il est introduit à la manière des portraits dans les contes En l'abbaye il y avait alors un moine cloîtré, frère Jean des Entommeures Le portrait physique est composé d'une accumulation d'une douzaine d'adjectifs, qui nous décrivent un beau gaillard : jeune, fier, pimpant, joyeux, pas manchot, hardi, courageux, décidé, haut, maigre, avec un grand nez, bien servi en nez signe de la vigueur des appétits selon la physiognomonie, et surtout, précise le texte de manière imagée, bien fendu de gueule une grande bouche étant un organe indispensable chez le héros rabelaisien qui doit être gros mangeur, insatiable buveur, et capable de rire, de crier et de chanter haut et fort. [...]
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