Jean Marie Gustave Le Clézio (1940-) est un romancier français contemporain qui a écrit de nombreux ouvrages, dont Le Procès-Verbal (1963) et Désert (1980). Dans ses livres, Le Clézio cherche à rendre compte de la beauté du monde et de l'« aventure d'être vivant ». Il est à la recherche d'une sagesse difficile à trouver dans la vie moderne. L'extrait proposé est tiré de L'Africain, récit autobiographique publié en 2004.
L'écrivain retrace dans celui-ci une partie de son enfance passée en Afrique auprès de son père, dont il a longtemps été séparé et avec qui il entretenait des relations difficiles : avec un père dur, il était en manque d'amour et de tendresse. Le deuxième point essentiel de ce récit est l'arrivée de cet enfant dans un monde qui lui est totalement étranger, l'Afrique. Le Clézio nous fait part dans ce texte d'un souvenir d'enfance qui l'a marqué, alors qu'il se trouvait à Ogoja, au Nigeria, auprès de son père. Dans cet extrait, Le Clézio, âgé de huit ans, est dans son jardin et se fait piquer par des fourmis.
[...] Néanmoins, Le Clézio dit ne pas se souvenir du moment où il a crié : je ne m'en souviens pas mais j'ai dû crier, hurler même (l. ce qui paraît étrange puisqu'il se souvient en effet de tout le reste. On peut donc expliquer ce soi-disant oubli par son souhait d'effacer de sa mémoire cet horrible instant. Il ne souhaite pas en parler, non par manque de mémoire mais parce que c'est indicible. Ensuite, le souvenir lui-même, c'est-à-dire le deuxième paragraphe, est écrit au présent : je suis dans le jardin (l. je reste immobile (l. 15) . [...]
[...] Il s'agit d'une peur d'enfant, avec la hantise d'être mangé vivant (l. et il parle aussi de cauchemar (l. extrêmement fréquent chez les enfants, ainsi que de montres pour les fourmis, qu'il qualifie d' insectes monstrueux (l. 1). De plus, il dit lui-même que ce n'est pas tant des fourmis qu' [il se] souvien[t], mais de la peur qu' ressen[t] (l. 14- 15). Cette peur est accentuée par les phrases complexes qui décrivent l'action à 19 et l à 31). [...]
[...] Le champ lexical de la douleur est présent dans l'ensemble du texte, avec brûlure (l. 20) morsures (l. 20) fouetté (l. 28) épineuses (l. 28) morte (l. 28) sang (l. 29) aiguille (l. 32). Pourtant, des deux expériences de douleur, les morsures puis l'extraction des mandibules avec une aiguille, on remarque que seule la première semble être réellement source de souffrance. Lorsque sa mère doit le piquer avec une aiguille pour retirer les mandibules des fourmis, Le Clézio ne nous dit pas du tout avoir mal ou avoir peur. [...]
[...] Cette personnification est reprise avec le mot rencontre (1. avec les fourmis ainsi que l'hyperbole c'étaient elles les véritables maîtresses d'Ogoja (l. 7-8). Cela signifie qu'elles sont supérieures aux hommes et Le Clézio affirme ainsi son infériorité vis-à-vis de ces insectes. La puissance des fourmis est de nouveau évoquée ligne seize avec le sol tout à coup mouvant comme si elles pouvaient le faire bouger, de même qu'avec la métaphore un tapis de carapaces, de pattes et d'antennes qui [ . [...]
[...] pour tenter de diminuer sa peur et oublier cet épisode. L'adjectif simple prouve sa volonté de minimiser l'événement et de se convaincre qu'il est sans importance en répétant anecdote Le Clézio souhaiterait que cela ne soit qu'un fait sans intérêt, mais ce n'est pas le cas. Il essaie de se persuader que le souvenir n'est pas totalement réel, en parlant de légende et de rêve (l. 35). En outre, on observe une assonance en et dans l'expression que tout cela c'était passé hier ? [...]
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