Comment par le biais d'une allégorie biblique, Agrippa d'Aubigné dénonce-t-il le caractère contre-nature des guerres fratricides ?
L'oeuvre d'Agrippa D'Aubigné est relativement nouvelle dans le genre de la poésie du 16e siècle. En effet, il raconte les malheurs des guerres de religions qui déchirent la France, se voyant comme élu de Dieu et défenseur de la religion protestante. Dans un premier temps il combattra par les armes au côté d'Henry de Navarre, puis dans un deuxième temps, il combattra par l'écriture : Les Tragiques (1616), lorsque Henry de Navarre abjure sa religion pour devenir roi de France. Le premier chant présente la tragédie de la France à travers une grande allégorie. Notre extrait se situe juste après que le poète est expliqué le but de son oeuvre. Il va donner la parole à une biche au vers 88 : « De sa voix enrouée elle bruira ces mots » pour introduire le passage que nous allons étudier.
[...] On a donc la reformulation de la même idée, ce qui insiste sur le caractère négatif de la chose. On a également l'idée d'un aveuglement avec le verbe « troubler » : parce qu'ils n'arrivent plus à se rendre compte de la gravité de leurs actes, ils sont aveuglés par leur rage, leur poison, c'est-à-dire leur haine. Remarquons l'idée d'un crescendo avec le verbe « redoubler » : Agrippa d'Aubigné nous montre depuis le début de son poème une guerre sanguinaire, mais apparemment cela n'était rien puisque les coups des deux frères ennemis se redoublent. [...]
[...] Notons le terme de « courroux » qui participe de ce registre tragique et renforce encore plus cette idée de rage intense qui les consume. « Leur conflit se rallume et fait si furieux Que d'un gauche malheur ils se crèvent les yeux. » Le verbe « rallumer » permet encore une fois de faire le lien entre l'ancienne inspiration poétique et la nouvelle. Cela fait penser à la flamme, de la ferveur amoureuse, amour éphémère, en contraste avec la chaleur des buchers où nombre de protestants périrent. [...]
[...] Ceci pour souligner la violence de cet enfant qui ne sait communiquer autrement. Il refuse toute forme de compromis, il ne cherche qu'à s'imposer par la brutalité comme l'a montré l'énumération. C'est un véritable acharné qui ne laisse aucune chance à son frère, on remarque que les deux mots : « brise » et « besson » sont à la même place dans les deux vers et sont unis aussi par les allitérations en et en Il va à l'encontre de la nature par égoïsme. [...]
[...] Le texte se compose de quatre parties à savoir : - v.97 à 102 : l'entrée en matière. - v.103 à 110 : les portraits des deux frères. - v.111 à 116 : la description du combat fratricide. - v.117 à 130 : la réaction de la mère. D'où la problématique suivante : Comment par le biais d'une allégorie biblique, Agrippa d'Aubigné dénonce-t-il le caractère contre-nature des guerres fratricides ? I - v.97 a 102 : une rude entrée en matière : « Je veux peindre la France une mère affligée, Qui est, entre ses bras, de deux enfants chargée. [...]
[...] « Quand, pressant à son sein d'une amour maternelle Celui qui a le droit et la juste querelle, Elle veut le sauver, l'autre, qui n'est pas las, Viole en poursuivant, l'asile de ses bras. » L'adverbe de temps « quand » indique une rupture dans le processus. En effet, la mère commence à s'imposer. Elle presse Jacob contre elle pour le sauver. C'est comme si elle avait reconnu celui qui était digne d'être sauvé, ses bras faisant alors office de paradis. On pourrait alors penser que la mère se substitue en quelque sorte à Dieu, puisqu'elle sait reconnaitre les justes. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture