Le tout début de la deuxième partie prend acte de cette citation qui semble avoir une valeur programmatique : avant même l'évocation des accouplements de Georges et de Corinne, le chapitre s'ouvre sur une sorte d'entrelacement entre le corps du cheval mort et les mouches, dans la putréfaction, et ce, sous le regard de Georges. Mais se surimprime également un vocabulaire religieux qui semble consacrer la mort de Dieu, parallèlement à la mort du cheval ; conférant à celle-ci une valeur métaphysique.
[...] On se demande si la répétition de pensa-t-il dans les discours directs de tout l'extrait consacre le tableau vu comme produit de la seule pensée du narrateur. Le discours est émaillé d'hésitations : 2x peut-être ; hésitation sur le temps, entre la prolepse demain et l'analepse des jours et des jours Il s'agit d'une parole peu digne de confiance, comme le souligne le segment sans que je m'en aperçoive Le magma de cette réalité semble sans correspondance, sans lien : or, ce sont les sutures poétiques qui en créent. [...]
[...] Pourtant, la phrase suivante au discours direct relance le mystère : Et lui encore moins : qui est lui ? le cheval ? La réponse est peut-être donnée par la phrase suivante, renvoyant au cheval mort : un homme est mort puisque pour lui hier tout à l'heure et demain Mais on est dans la même confusion des instances que dans celle du temps : il n'y a plus de repère temporel. L'existence est ainsi mise du côté de la préoccupation et de l'embêtement : explicitations avec répétition de c'est-à-dire exister, c'est-à-dire de le préoccuper, c'est-à-dire de l'embêter Les pensées sont préoccupées, confuses, dans un questionnement métaphysique de la mort, où le temps semble aboli autant que la syntaxe peut l'être chez Claude Simon. [...]
[...] De Puis il vit les mouches à l'endroit où il est : Évocation des mouches qui arrivent IV. De les grosses mouches à la fin : entrelacement des mouches et du corps en putréfaction Problématique : Évocation d'un accouplement : mise au jour du vide de la carcasse que les mouches viennent habiter. Toute cette description est sous-tendue par un vocabulaire religieux qui avoisine un vocabulaire du vide : le vide de la carcasse n'est qu'est le signe de la Mort de Dieu. Comment représenter après la Mort de Dieu ? [...]
[...] Le tuer est d'ailleurs nécessaire pour l'écriture. Les sutures poétiques, les renvois intratextuels sont là pour créer une unité de sens, une boule séchée dans un monde où prédomine la destruction généralisée. [...]
[...] C'est ce que semble rappeler le discours indirect libre qui suit, présentant les confusions de la pensée : cessant de penser puis épanorthoses essayer de calculer et reprise pensant seulement Ce qui aboutit à deux questions au discours direct, dans un registre de langue familier : Qu'est-ce que ça peut faire ? et répétition avec accent sur bien faire Ce registre s'oppose au syntagme final dans l'endroit où il est qui peut s'interpréter comme le paradis ou la mort (thème religieux) ; ou comme une phrase inachevée. L'arrivée des mouches met en scène la dissémination des significations, et semble conférer au discours une hésitation encore plus grande. IV. Quatrième mouvement : l'accouplement des mouches avec le corps mort (de les grosses mouches à la fin). [...]
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