Rimbaud termine le recueil d'une Saison en enfer, dont les formes poétiques sont diverses, à l'été 1873 par le poème clausule « Adieu ». Celui-ci, écrit en prose, peut apparaître à un lecteur naïf comme une sorte de testament. Mais il en est tout autre. Après avoir côtoyé la mort pour l'art, pour son recueil, Rimbaud emprunte une voie (et une voix ?) nouvelle. C'est l'aventure que la voix du narrateur d' « Adieu » va entreprendre. Le poème se partage en deux mouvements : le premier, jusqu'à « et où puiser le secours ? », est un au revoir difficile par la désillusion des valeurs du passé ; le second, de « Oui, l'heure nouvelle est au moins très sévère. » À la fin, esquisse une marche vers la modernité et la vérité.
Nous nous demanderons alors comment le poème qui semble annoncer un départ définitif s'avère au fil de l'écriture être en fait une renaissance poétique et intime. Autrement dit, dans quelle mesure le poète abandonne-t-il son projet initial « d'être voyant » et d' « arrive[r] à l'inconnu » pour faire émerger une forme nouvelle ? D'un point de vue formel, nous utiliserons les termes de « voix », de « poète » ou de « narrateur » de manière indifférenciée pour parler du locuteur de l'énonciation, ceux-ci ne faisant pas directement référence à Rimbaud. Aussi, pour faciliter la lecture de l'explication, le texte sera étudié linéairement par sous-parties regroupant un ou plusieurs paragraphes.
[...] A moins que l' arbrisseau en question soit celui du Bien et du Mal dans le jardin d'Eden et qu'il rappelle au poète ses péchés anciens. Vient ensuite une analogie explicite entre le combat spirituel et la bataille d'hommes qui sont mis à niveau égal de violence par l'adverbe aussi Cela signifie qu'une lutte contre soi-même, entre les différentes parcelles d'un moi éclaté, est tout autant brutal qu'un choc physique entre hommes dont les blessures sont finalement superficielles. Pourtant, l'adverbe mais précédé d'un point- virgule admet une contradiction : à Dieu seul revient la joie de décider du bien et du mal et de reconnaître si le poète est pur. [...]
[...] La poésie lui permet de reprendre possession de son corps et de son esprit, et de les accorder dans une même vérité profonde et personnelle. L' âme et le corps ne sont plus divisés par le dérèglement de tous les sens mais fusionnés dans une unité harmonieuse telle une résurrection. On peut aussi considérer les articles du groupe circonstanciel dans une âme et un corps comme des numéraux, ce qui crée alors une opposition forte entre le couple tant dénigré précédemment et l'indépendance future et déjà amorcée du poète. [...]
[...] Le poète a tout tenté, comme le montre l'usage des superlatifs, s'est essayé à l'expérience de la création, de la recréation en vain. L'universalité visée, que la diversité fêtes triomphes drames fleurs astres chairs et langues évoque, est impossible. J'ai cru insiste sur l'erreur, la méprise du poète qui s'est perdu dans ses idéaux qui lui ont presque coûté la vie. Celui qui présentait le poète comme voleur de feu abandonne désormais ses ambitions surhumaines : l'adjectif surnaturels suggère la démesure du projet rimbaldien. [...]
[...] Je me revois la peau rongée par la boue et la peste, des vers plein les cheveux et les aisselles et encore de plus gros vers dans le cœur, étendu parmi les inconnus sans âge, sans sentiment . J'aurais pu y mourir . L'affreuse évocation ! J'exècre la misère. Et je redoute l'hiver parce que c'est la saison du comfort La répétition de l'automne affirme la présence de la saison et introduit l'idée de la dégénérescence poursuivie dans tout le paragraphe avec l'idée de l'enfer et de la damnation. C'est sous la référence mythologique que se dessine un paysage infernal. En effet, la barque rappelle celle de Charon, le batelier du fleuve des Enfers : le Styx. [...]
[...] Explication linéaire du poème Adieu dans une Saison en enfer de Rimbaud Rimbaud termine le recueil d'une Saison en enfer, dont les formes poétiques sont diverses, à l'été 1873 par le poème clausule Adieu Celui-ci, écrit en prose, peut apparaître à un lecteur naïf comme une sorte de testament. Mais il en est tout autre. Après avoir côtoyé la mort pour l'art, pour son recueil, Rimbaud emprunte une voie (et une voix nouvelle. C'est l'aventure que la voix du narrateur d' Adieu va entreprendre. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture