Explication linéaire II, 9 Le Lion et le Moucheron in Fables de La Fontaine

Thèmes abordés

Fables, La Fontaine, poésie, poète, littérature, Lion, moucheron

Résumé du document

Situation :
Le 2ème livre des Fables porte à son apogée le conflit entre les animaux : les fables 2 et 3 sont des parodies de jugement au tribunal des animaux, tandis que le lion revient par 3 fois dans le livre pour exprimer sa puissance : II, 9 « Le Lion et le Moucheron », « II, 11 « Le Lion et le Rat », II, 20 « Le Lion et l'Âne chassant ».

Caractérisation :
La 9ème fable « Le Lion et le Moucheron » est toute entière dévolue à la guerre déclarée entre le lion et le moucheron. Contrairement à ce que le titre laisse paraître (forme atténuative « -eron » du Moucheron), c'est l'insecte qui va sortir vainqueur du combat, conférant ainsi à la fable une tonalité héroï-comique.

Extraits

[...] Deuxième mouvement : déclaration de guerre entre les deux animaux (vers 9-31) La guerre entre le lion, symbole de force dans l'imaginaire collectif, et le moucheron, symbole de faiblesse, va laisser place à une tonalité héroï-comique. Enjambement des vers 9-10 accélère le rythme jusqu'à l'expression fiée « sonna la charge », mise en valeur par le passé simple d'action. Vocabulaire épique, en parlant du moucheron « Fut le trompette et le héros » : ces termes rappellent que la fable est un emprunt à un épisode de l'Arioste et de l'Iliade. [...]

[...] Explication de texte : « Le Lion et le Moucheron », II in Fables. Situation : Le 2ème livre des Fables porte à son apogée le conflit entre les animaux : les fables 2 et 3 sont des parodies de jugement au tribunal des animaux, tandis que le lion revient par 3 fois dans le livre pour exprimer sa puissance : II « Le Lion et le Moucheron », « II « Le Lion et le Rat », II « Le Lion et l'Âne chassant ». [...]

[...] S'agit-il encore du péril des petits dans la 2nd morale ? Rien n'est moins sûr On ne peut prêter caution entièrement à cette morale en raison de la tonalité héroï-comique de la fable et de la lourdeur de la morale ; de plus, les petits ne sont jamais remis en cause : fable de leur consécration ? La fable II « Le Lion et le Moucheron », par sa tonalité héroï-comique et son ambition morale finale, demande une relecture de la morale : ce combat d'un moucheron contre un lien ne peut prêter qu'à sourire, d'autant que ce sourire s'inscrit rhétoriquement dans le texte. [...]

[...] Parataxe avec changement de sujet : « Il rugit, on se cache, on tremble » V.17-18 : opposition entre « alarme universelle » et « moucheron », avec reprise « avorton de mouche » (rappel sémantique et phonique) V.19 à 21 : explicitation de la locution « l'ouvrage d'un moucheron » avec des hyperboles à valeur comique « cent lieux », « harcelle » ; cela est rhétoriquement souligné par la répétition de « Tantôt » à l'hémistiche Le Lion est désarticulé, comme le montre les métonymies multiples : « échine », « museau », « naseau » Le terrassement du Lion est rendu par un vocabulaire élevé, à la puissance comique : Vers 25 : formule très élevée, solennité dans le terrassement, avec substantif abstrait comme sujet et locution « à son faîte » avec postposition de l'adjectif « montée » Forme d'héroï-comique : périphrase avec postposition de l'adjectif « l'invisible ennemi », parlant de la mouche. Ce dernier est personnifié : « rit de voir ». [...]

[...] Comment l'entrelacs de la tonalité héroï-comique de cette fable et de son ambition moraliste amène-t-il à une relecture de la morale, et comment cet entrelacs énonce-t-il en fin de compte un art poétique du pouvoir des fables ? Premier mouvement : déclaration de guerre entre les deux animaux (vers 1 à Le texte commence « in medias res » par la parole du Lion : parole forte, en un alexandrin, avec un impératif en tutoiement (« Va-t-en ») ; vocabulaire péjoratif désignant le moucheron (« chétif insecte ») et périphrase (« excrément de la terre »), soutenu par allitération en La force du premier vers contraste avec la voix du narrateur : très évasive (déictique « ces mots », locution temporelle « un jour ») ; mais déjà se dessine une puissance paradoxale du « Moucheron » : majuscule comme le Lion, rime Lion/Moucheron syllabes/2 syllabes. [...]