L'Exil et le Royaume, Les muets, Albert Camus, description, interprétations, analyse de l'oeuvre, nouvelle, monde ouvrier, crise de l'artisanat, injustice, réalisme, silence, personnages, symboles, communication non-verbale, empathie, humanité
Cette nouvelle prend place dans le monde ouvrier de la tonnellerie, et aborde les tensions causées par la crise générale de l'artisanat du XXe siècle. Dans la première partie du récit, le lecteur est immédiatement plongé dans le vécu d'un travailleur nommé Yvars qui se rend à l'usine pour la première fois après l'échec d'une grève des ouvriers, qui avait entraîné la fermeture de l'atelier pendant quelques semaines. L'auteur nous décrit ensuite les tensions et l'ambiance singulière du travail à l'usine après cet éventement. Il aborde les thèmes de l'injustice subie par le monde ouvrier, des différences entre les travailleurs et leur parton, et du véritable pouvoir du silence. Lorsque la fille du patron est frappée par une maladie, la nouvelle nous amène également à nous questionner sur la compassion des hommes au-delà de leurs différences.
[...] La phrase « il s'était tu à partir du moment ou Esposito lui avait dit qu'il sevrait les intérêts du patron » montre en tous cas qu'il refuse de choisir le camp de son supérieur et qu'il préfère ne pas trop s'opposer à ses collègues. Lors de l'arrivée du patron à l'usine, le choix des travailleurs de garder le silence prend un sens nouveau puisqu'il s'agit cette fois d'un acte presque rebelle et irrespectueux envers leur patron. Ils refusent de lui répondre pour lui faire comprendre leur colère de ne pas avoir été écoutée. La phrase « Son bonjour fut moins sonore que d'habitude, personne en tout cas n'y répondit » montre une sorte de jeu entre les ouvriers et le patron. [...]
[...] Il est annoncé par le titre « Les muets » qu'il faudra parfois interpréter de manière figurée. On peut relever plusieurs formes différentes de mutisme dans la nouvelle ; en effet, le silence des personnages va évoluer au fil du récit pour prendre des sens très différents. Au début du récit, le silence est évoqué pour la première fois à la page 64 lorsque Yvars ressasse l'échec de la grève de son usine. « Il est difficile d'avoir la bouche fermée, ne pas pouvoir vraiment discuter ». [...]
[...] On peut aussi considérer que ce mutisme provient d'une colère si intense chez les ouvriers qu'elle n'est pas traduisible par les mots. En effet, on peut relever les passages « la colère les avait gagnés après les premières discussions avec le patron » et « l'autre avait le sang chaud et il fallut les séparer ». On constate ici que les hommes ne parviennent plus à communiquer verbalement après la colère provoquée par le manque de considération de leur patron. Ils en viennent presque aux mains, mais finissent par se plonger eux-mêmes dans un silence lourd de rancune et de ressentiments. [...]
[...] Il choisit en premier de s'approcher de l'ouvrier le plus jeune, celui qui travaille dans l'entreprise depuis le moins longtemps. Il pense sans doute qu'il sera le plus à même de céder et de ne pas se rattacher à la cause des autres travailleurs. Comme cela échoue, il essaye avec un autre ouvrier, puis il invite uniquement deux artisans dans son bureau pour essayer d'obtenir une réaction de leur part. Mais à chaque tentative, la solidarité des travailleurs l'emporte sur le pouvoir du patron. [...]
[...] Le style est néanmoins plutôt objectif et le ton du narrateur reste neutre, ce qui donne beaucoup de réalisme au récit. B. Les personnages Le personnage principal de cette nouvelle se nomme Yvars. Il est un ouvrier tonnelier de 40 ans, boiteux, qui semble avoir perdu espoir d'obtenir une fin de vie heureuse. Il se sent déjà très vieux et fatigué, et a du mal à supporter les conditions de son travail ainsi que le très faible salaire qu'il obtient. [...]
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