2000, L'Évènemen, Annie Ernaux, autobiographie, expérience personnelle, problème sociétal, roman autoobiographique, expérience de l'avortement, grossesse, illégalité de l'avortement
Annie Ernaux est née à Lillebonne (Seine-Maritime) en 1940 et est l'une des voix les plus influentes de la scène culturelle française. Dans ses oeuvres, elle réinvente les voies et les possibilités de l'autobiographie, transformant l'histoire de sa vie dans un instrument pointu d'investigation sociale, politique et existentielle. Elle peut mêler à la fois son expérience personnelle et les problèmes de la société contemporaine, son oeuvre littéraire pouvant ainsi se considérer « auto-socio-biographique ».
[...] Le style de la narration est objectif et contrôlé, et il a été critiqué parfois par différents lecteurs pour son style sans émotion. L'écrivain affirmera avoir « brisé les tabous par le biais d'une écriture très concise, sèche et pas du tout affective. Je n'aime pas l'épanchement, ni l'écriture inutile ». L'écriture de Annie Ernaux crée des tensions entre réalité sociale et littéraire : le pacte autobiographique est ainsi remodelé, car les données empiriques ou la documentation rapportée ou implicite ne suffisent plus. [...]
[...] La description de tout l'événement est donnée comme en focalisation externe : cela montre la distance que la narratrice veut bien garder. Il est évident que pour Ernaux, la littérature est le récit intime des expériences qui ont laissé une marque dans la vie, des évènements qui sont difficile à surmonter. C'est un exercice extraordinaire de maîtrise et d'analyse de comportements, dans lequel on peut analyser les aspects les plus cachés de notre existence, ceux que nous n'osons confesser à personne, ni même à nous-mêmes. [...]
[...] Son style, apparemment direct, nu, presque documentaire, a quelque chose de poétique, dans le sens où il transcende ce qu'il nous dit, dans cette histoire intime, sans concessions. La description de l'avortement n'est cependant pas aussi dure que le sentiment de solitude, d'abandon et d'incompréhension que cette jeune femme vit dans un moment où il semble que le temps et la vie se soient arrêtés. Mais il semble qu'il y a quelque chose qui lui empêche de fermer les yeux et d'oublier. Dans cet extrait, on perçoit le fort refus de la femme, qui ne veut absolument abandonner ses études et ses projets de carrière. [...]
[...] À cette époque là, les avortements étaient illégaux mais à Paris la fille trouve une infirmière clandestine qui l'aidera à effectuer l'opération. Annie Ernaux raconte alors la scène sanglante et douloureuse de son avortement, sans cacher les détails. L'une des scènes les plus terrifiantes a lieu lorsque à son retour, elle est en compagnie d'une camarade de l'Université : « Nous regardons le corps minuscule, avec une grosse tête, sous les paupières transparentes [ . Ainsi j'ai été capable de fabriquer cela. O. s'assoit sur un tabouret, elle pleure. [...]
[...] Annie Ernaux dans ses livres raconte sa vie. Pour elle, écrire son histoire est un moyen de la revoir, ou bien de la voir vraiment pour la première fois, et de l'analyser. Écrire sa propre autobiographie, parler de soi-même, lui permet de mettre en mots ce qu'elle a vécu, de le revoir avec des yeux nouveaux et l'accepter comme un élément fondamental de son développement personnel. Dans L'Evènement, l'autrice se sert des mots pour se soulager d'un lourd fardeau, mais elle essaye surtout de s'affirmer dans la lutte contre les préjugés de la femme : elle raconte de son avortement, un évènement qui a marqué sa vie, avec courage. [...]
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