Commentaire composé semi-rédigé sur le poème L'Evadé de Boris Vian. Il est tiré de son recueil Chansons et Poèmes.
[...] La sérénité redoutable des poursuivants En opposition à cette fuite éperdue, les assassins prennent leur temps. Nulle hâte dans se mise en place, mais un déroulement implacable, précis, qui atteint son but sans précipitation, mais sans faiblesse. On assiste à l'installation progressive du dispositif qui va donner la mort : l'alerte avec la personnification de la sirène sans joie les fusils qui tirent : la menace se fait plus précise : le feu sec est tout proche, mais il est anonyme, sans visage ; la balle qui frappe sans rémission l'a foudroyé sur l'autre rive En partenariat avec www.bacfrancais.com on peut remarquer l'opposition entre le rythme très fluide des vers qui décrivent la répression (aucun coupure de rythme, et enjambement d'un vers sur l'autre) à celui plus syncopé des vers touchant la fuite de l'évadé. [...]
[...] L'agencement strict, sans détail inutile, de la situation, véritable piège qui enferme le fuyard. La scène se déroule dans un décor réduit à des éléments simples, qui sont nommés sans être décrits : la colline, la rivière, les arbres, les murs de la prison. Dans ce décor évoluent des êtres qui, eux-mêmes, sont réduits à des entités abstraites : un fuyard dont on ne sait rien, et des surveillants qui ne sont désignés que par leurs armes Les canons d'acier bleu et le résultat de leurs actions des assassins Cette organisation très épurée du décor est redoublée par une géométrie de la composition : on note une alternance de En partenariat avec www.bacfrancais.com descriptions et de répétitions du même propos fictivement prêté à l'évadé pourvu qu'ils me laissent le temps qui joue le rôle d'un leitmotiv. [...]
[...] Le poème de Vian ne comporte pas de notation qui individualise la scène : il s'agit donc d'une allégorie, comme le suggèrent les quatre derniers vers. La fuite du personnage est le symbole de la vie humaine, avec sa brièveté et la fureur de vivre qui habite les hommes. Le paysage traversé par l'évadé est largement connoté : les feuilles gorgées de soleil l'eau qu'il boit sont autant d'images de son désir de vivre, de croquer la vie à pleines dents. [...]
[...] Conclusion Le poème de Boris Vian est une allégorie de la vie humaine : brièveté, inachèvement et pourtant avide besoin de vivre, désir absolu de liberté ; autant de thèmes qui se croisent en ce poème, qui fait discrètement allusion à l'angoisse personnelle de l'auteur. Ce poème est donc d'inspiration autobiographique, puisque Boris Vian, malade, se savait condamné à brève échéance et aspirait comme cet évadé à vivre intensément. Mais ce poème est aussi caractéristique de l'esprit d'une époque : l'existentialisme dans les années 1950. L'auteur exprime en toute simplicité son désir de vivre libre, avec passion, sans illusions, mais aussi sans concessions. [...]
[...] On peut remarquer que tous les sens sont également sollicités dans cette quête éperdue que résume le dernier vers du poème. Le caractère inéluctable de la mort A la sérénité des assassins fait écho le caractère inéluctable de la mort, qui est toujours sûre de l'emporter en définitive. L'angoisse qui poursuit l'évadé est analogique de celle de l'homme face au temps qui passe. Quoi qu'on fasse, la vie reste inachevée, ce que marque la mort prématurée de l'évadé, tué au bord de l'eau, avant d'avoir atteint son troisième but, la femme qui l'attendait, et vers laquelle il n'a pu que courir En partenariat avec www.bacfrancais.com Mais, si la mort vient toujours trop tôt dans la course de la vie, elle ne revêt pas de caractère horrible, elle-même rendue plus naturelle par la métaphore de Vian, l'abeille de cuivre chaud La mort restitue l'homme à la nature qui l'environne, le sang et l'eau les mêlent l'un à l'autre symboliquement. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture