Marcel Proust est l'auteur de l'une des plus importantes sommes romanesques du XXe siècle : A la recherche du temps perdu. Son œuvre est à l'origine d'un renouvellement esthétique de la littérature de ce siècle, en particulier en prose. Elle narre les mémoires de Marcel, ses déambulations dans les salons parisiens et dans un milieu mondain où il part à la recherche de l'amour et d'un plaisir esthétique dans l'art. Il le découvre dans le pouvoir d'évocation de la mémoire instinctive qui relie le passé et le présent en une même sensation retrouvée, en l'espèce, la saveur d'une madeleine. « Sodome et Gomorrhe » constitue le tome III de l'œuvre. Dans cet extrait, le narrateur est convié par M. et Mme Verdurin, à un repas au château de la Raspelière. On y découvre une atmosphère teintée de fantastique, contrastant avec l'apparente vraisemblance d'un texte composé à la manière de Mémoires. Le narrateur joue d'une temporalité distordue ne répondant pas aux critères d'une chronologie et d'une durée approchant l'objectivité mais affleurant plutôt une temporalité sensitive. L'extrait révèle également que le réalisme proustien ne s'inscrit pas dans une logique purement thématique d'évocation du réel, mais plutôt dans une démarche artistique et esthétique visant à unir les mots et le propos dans une « forme-sens », ainsi la langue est outil de désignation du signifié mais est aussi signifié lui-même devenant métalangage.
[...] L'adverbe presque est aussi employé à deux reprises (lignes 4 et ce qui traduit l'incertitude. Le jeu de contraste entre l'obscurité et la lumière est aussi un ressort fantastique utilisé par le narrateur dans cet extrait. L' obscurité mentionnée à plusieurs reprises (lignes 14) est par son apparente profondeur, l'antithèse de la lumière éclatante (ligne rutilante de clarté (ligne 12) du dîner. Quoi qu'il en soit, la lumière ne vient pas atténuer l'atmosphère fantastique du texte, car elle semble aussi aveuglante que l'obscurité étant mise en relation avec des adjectifs ou des verbes dont le sémantisme implique un degré d'intensité élevé explosaient ligne8, éclatantes ligne 8). [...]
[...] Tout concourt dans ce texte à réaliser un tissage stylistique, une forme qui fait corps avec le propos du narrateur. L'auteur mêle les incertitudes, les allées et venues dans l'obscurité des personnages aux tours, retours et détours d'un texte dont les méandres reflètent l'atmosphère fantastique de ce voyage. La description, pourtant relativement longue, n'est composée que d'une seule phrase dans laquelle sont savamment tricotées un ensemble de propositions diverses ; une phrase presque interminable, tout comme le trajet qui mène au château. [...]
[...] Subtil, parfois alambiqué, il révèle le projet Réaliste de Proust. Paradoxalement teinté de fantastique, d'ambigüités et de brouillages de repères, il vise à établir une relation nouvelle au temps et entre le passé et le présent : il s'agit de décrire l'homme dans ses sensations et sa mémoire affective, non objective, qui touchant au plus prés l'être humain, semble être la voie privilégiée vers la vérité. [...]
[...] En effet, le locuteur utilise des articles indéfinis marquant sa méconnaissance du cadre : un village en pleins champs (ligne3), l'article indéfini étant ici suggéré ligne 2 définie devant certains substantifs qui ne sont pourtant pas clairement identifiables par le destinataire (mais le sont-ils simplement pour le locuteur : les routes (ligne mais quelles routes ? La distance parcourue (ligne quelle distance ? . Le locuteur semble en outre considérer comme acquis le savoir de son destinataire concernant la vie Mondaine et ses mœurs. Il est fait mention des incidents caractéristiques de tout trajet en chemin de fer malgré son apparente précision, la signification et les implications de ce procès ne sont pas accessibles à qui n'aurait pas pris le train. [...]
[...] Étude stylistique d'un extrait de Marcel Proust, Sodome et Gomorrhe Sujet : Etude stylistique d'un extrait de Marcel Proust, A la recherche du temps perdu, Sodome et Gomorrhe, texte établi par Antoine Compagnon sous la direction de J.-Y. Tadié, Paris, Gallimard, La Pléiade, édition nouvelle en quatre volumes, tome III, p Marcel Proust est l'auteur de l'une des plus importantes sommes romanesques du XXe siècle : A la recherche du temps perdu. Son œuvre est à l'origine d'un renouvellement esthétique de la littérature de ce siècle, en particulier en prose. [...]
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