Les trois lettres étudiées proposent des portraits de libertins d'une part : ceux de Valmont et de Madame de Merteuil et des portraits de prudes d'autre part : ceux de la tante de Valmont, de Madame de Tourvelle et enfin de Cécile Volanges, jeune femme ingénue et candide. Tout oppose les deux catégories de personnages. Les libertins suivant leurs instincts se glorifient de réaliser des conquêtes physiques sans jamais être amoureux. Les prudes se préservent à l'excès, rejetant avec dégoût les plaisirs charnels ainsi que toute forme de relâchement des mœurs. C'est un effet des normes sociales de l'époque puisque les femmes étaient éduquées de façon à devenir prudes tandis que les hommes trouvaient un écho favorable à leurs conquêtes dans la société de l'époque.
[...] Ce que l'éthos de Madame de Tourvelle ne lui permet précisément pas. Cécile Volanges quant à elle, est présentée comme une prude en devenir. Elle sort du couvent où on lui a inculqué le respect des us et coutumes en usage à son époque, c'est-à-dire qu'elle se résigne aux contraintes qu'on lui impose, telles que le mariage dont s'« accoutume à ne plus penser. Son style est assez grossier, elle emploie la tournure présentative c'est que et n'emploie pour lier ses idées que la conjonction de coordination et Elle semble associer les idées telles qu'elles lui viennent, parlant du mariage, du chant, de la harpe, des maîtres, du Chevalier Danceny, de Madame de Merteuil, puis revenant au Chevalier Danceny, en fait l'éloge, un peu comme si elle notait au fur et à mesure tout ce à quoi elle pense. [...]
[...] Le constat que fait Valmont il a fallu se confier à moi prouve sa réussite dans cette entreprise. Il a même osé les premiers contacts physiques : j'ai tenu dans mes bras cette femme modeste La figure stylistique de l'antinomie adroite gaucherie montre bien que Valmont domine la situation. Pourtant lorsqu'il ajoute nos bras s'enlacèrent mutuellement, il indique une réplique de la part de Madame de Tourvelle. Son cœur qui bat est un nouvel indice pour l'homme rompu à ce genre d'expériences. [...]
[...] Cela brosse le tableau des excès moraux et comportementaux d'une époque. [...]
[...] Désigner Madame de Tourvelle par l'enfant montre l'innocence qu'elle suppose chez celle-ci. Cette vieille tante est l'incarnation de la vieille prude. C'est-à-dire de la femme captive de cet univers dans lequel tout n'est qu'innocence. Elle est donc facile à tromper et dupe, ne concevant pas les sentiments réels d'un dissimulateur tel que Valmont ni même d'une jeune femme telle que Madame de Tourvelle. Elle est donc l'illustration d'un type de femme engoncée dans les normes auxquelles elle obéit. Son éthos de prude et l'habitus de cette catégorie semblent en parfait accord. [...]
[...] Il est en quasi-opposition avec l'habitus de prude auquel elle cherche à se conformer comme par habitude et par désir de ne pas choquer. Choderlos de Laclos, dans les lettres II, VI et VII des Liaisons dangereuses, a mis en scène les deux catégories sociales dépeignant au mieux les positions antinomiques défendues en son temps concernant les mœurs. À travers ces lettres, on voit apparaître des figures emblématiques et caricaturales dans les différents âges et situations possibles déclinables dans chaque catégorie. Les figures de prudes s'opposent aux figures de libertins à la foi dans leur éthos et dans leur habitus. [...]
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