Publié une première fois dans L'Artiste en 1857, le poème, « L'irrémédiable » constitue l'une des pièces composant les trois éditions successives de Les Fleurs du Mal, en 1857, 1861 et 1868. S'il est loin d'être le seul poème présentant des quatrains d'octosyllabes dans « Spleen et Idéal » dont il fait partie, il est portant l'un des poèmes longs de cette partie du recueil qui témoigne d'une très grande rigueur métrique. Même si l'on sait que c'est seulement après la publication de Les Fleurs du Mal que Baudelaire a résolument exploré des voies nouvelles en poésie, s'affranchissant en partie des contraintes de la métrique classique, cette absolue rigueur de la forme donne pourtant à penser qu'il s'agit là d'une image signifiante, tant sur le plan symbolique qu'esthétique.
[...] Là exprimée par un sanglot : car c'est vraiment, Seigneur, le meilleur témoignage / Que nous puissions donner de notre dignité / Que cet ardent sanglot qui roule d'âge en âge / Et vient mourir au bord de votre éternité ! Les Phares Les Fleurs du Mal, VI) et ici, d'une façon plus railleuse, phare ironique, infernal En effet, l'intention scripturale de Les Fleurs du Mal n'est pas de consoler mais bien de montrer que, toujours, C'est le Diable qui tient les fils qui nous remuent ! comme le déclare Baudelaire dans son adresse au lecteur placée en tête du recueil. Conclusion. [...]
[...] Etude critique d'un poème : L'irrémédiable, de Charles Baudelaire Expliquez le texte suivant en vous inspirant des approches critiques que vous jugerez utiles. L'Irrémédiable Une Idée, une Forme, un Être Parti de l'azur et tombé Dans un Styx bourbeux et plombé Où nul oeil du Ciel ne pénètre; Un Ange, imprudent voyageur Qu'a tenté l'amour du difforme, Au fond d'un cauchemar énorme Se débattant comme un nageur, Et luttant, angoisses funèbres ! Contre un gigantesque remous Qui va chantant comme les fous Et pirouettant dans les ténèbres; Un malheureux ensorcelé Dans ses tâtonnements futiles, Pour fuir d'un lieu plein de reptiles, Cherchant la lumière et la clé; Un damné descendant sans lampe, Au bord d'un gouffre dont l'odeur Trahit l'humide profondeur D'éternels escaliers sans rampe, Où veillent des monstres visqueux Dont les larges yeux de phosphore Font une nuit plus noire encore Et ne rendent visibles qu'eux; Un navire pris dans le pôle Comme en un piège de cristal, Cherchant par quel détroit fatal Il est tombé dans cette geôle; Emblèmes nets, tableau parfait D'une fortune irrémédiable, 1/9 Qui donne à penser que le Diable Fait toujours bien tout ce qu'il fait ! [...]
[...] / Bien qu'on ait du cœur à l'ouvrage, / L'Art est long et le Temps est court La fatalité du damné est en effet attachée à l'image du poète. 6/9 III. Une métaphysique de la rupture Le Mal à l'oeuvre La rigueur de la fatalité est posée par le cadre formel, très rigide. Le choix d'une fore aussi rigide, fût-ce antérieurement à l'adoption de la prose dans le poème Charles Baudelaire prisa, dans Le Spleen de Paris, la prose en poésie, propre à s'adapter aux mouvements lyriques de l'âme, aux ondulations de la rêverie, aux soubresauts de la conscience ? [...]
[...] Les deux derniers quatrains seront séparés des huit autres dans la deuxième édition de Les Fleurs du Mal (1861), ce qui accentuera encore davantage le rythme binaire et quaternaire. A cette fixité de la forme répond, à première vue, une binarité des thèmes : le Bien face au Mal. Le Bien apparaît comme une figure d'innocuité aux prises avec le Mal : l'Ange tombé, le malheureux Critique de la conscience (le déploiement de l'imaginaire à partir d'un acte point de départ Formalistes russes (étude de la littérarité). [...]
[...] Strictement réglé au moyen d'une rigoureuse métrique exprimant la puissance infernale qui encadre sans faille toute destinée, le poème conduit, par une succession de petits tableaux visionnaires où se découvrent des êtres en proie à la souffrance et à l'impuissance, au clairobscur d'une conscience active dans le Mal Le Mal le diable constitue l'Unité dominante et en lui, à partir de lui et grâce à lui, s'élève la conscience. Baudelaire le révolté inverse les termes de la construction chrétienne en substituant le diable à Dieu. Or, le cadre est le fini, l'achevé, et la conscience, l'infini en mouvement. Par cet infini dans le fini ce poème révèle l'essentiel de la 8/9 métaphysique et de l'esthétique baudelairiennes et, pour cette raison, semble être au centre de la conscience de l'auteur de Les Fleurs du Mal. [...]
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