Des "Amours" aux "Sonnets pour Hélène", le poète de la Pléaide célèbre la beauté et la fraîcheur de la femme tout comme Apollinaire dans les "Poèmes à Lou" ou "Il y a" dit la beauté de l'amour, mais aussi son caractère éminemment fragile et éphémère. Dans le sonnet d'alexandrins "Quand vous serez bien vieille" et dans l'extrait du poème "Adieu", composé de quatre quatrains d'alexandrins, Ronsard et Apollinaire déclinent un même thème topique depuis la poésie élégiaque latine: la fuite du temps et les ravages qu'elle cause sur les corps et les cœurs. En des formes poétiques fixes, les deux poètes s'adressent à une femme aimée encore jeune et la projettent dans le futur afin de l'inviter à réfléchir sur sa décrépitude à venir.
[...] 12) avant de ne devenir qu'un fantôme sans (v. 9). Néanmoins, un point oppose les poèmes d'Apollinaire et de Ronsard. Chez Ronsard, le temps passé est celui de la vitalité psychique et créatrice pour le poète tandis que, chez Apollinaire, le poète est dans un état permanent de décrépitude. Ainsi, le je apollinien est laid[ . ] et taciturne» (v. 16) alors que le ronsardien savait célébr[er] l'aimée jusqu'à l'émerveill[er] (v. 3). On notera d'ailleurs que le nom Ronsard au vers 4 est sujet d'un verbe d'action qui dit le dynamisme et l'énergie de la parole poétique. [...]
[...] [Conclusion partielle et transition] Ainsi, en des tableaux lugubres et sinistres, Ronsard et Apollinaire peignent la décrépitude de la vieillesse, temps qui semble condamné à l'immobilité et à la nostalgie. Cependant, force est de constater que, face au temps qui passe, une voix reste et ne vacille pas : celle du poète. [II - La poésie: une voie vers l'immortalité La hantise de la décrépitude n'est pas totale dans les deux poèmes. En effet, tant chez Ronsard que chez Apollinaire, la voix poétique est gage d'éternité. [A. Vers contre ver] Le temps- passe, pas les vers. C'est ce que disent les deux poètes dans leurs œuvres. [...]
[...] Il est remarquable de voir apparaître à deux reprises dans le poème le nom même du poète («Ronsard v et : les deux fois, le nom propre est mis en valeur car sous l'accent au début puis à l'hémistiche de l'alexandrin. La rime sommeillant réveillant (v. est aussi pleine de sens: hl voix ronsardienne est apte à dominer et vaincre le temps qui passe puisqu'elle est «immortelle» (v. 8). Le lexique du bruît dit la vitalité du vers et son éclat sonore. Par conséquent, les poètes, à quatre siècles d'écart, manifestent une même espérance : vivre dans le futur grâce au souvenir de leur amour et de leurs vers. [...]
[...] se livrant à des activités qui ne nécessitent aucun déplacement (v. 2). L'usage abondant des participes présents à valeur durative aux vers 2 et 3 du premier quatrain suggère une fixité de la scène. Notons que, chez Apollinaire aussi, l'âme de la femme devient quiète (v. 5). L'image féminine est donc, dans les deux poèmes, dégradée car projetée dans le temps vespéral de la vieillesse. [B. La décrépitude des cœurs] A la décrépitude des corps, vient s'ajouter la décrépitude des cœurs. [...]
[...] Dans le sonnet d'alexandrins Quand vous serez bien vieille» et dans l'extrait du poème Adieux composé de quatre quatrains d'alexandrins, Ronsard et Apollinaire déclinent un même thème topique depuis la poésie élégiaque latine: la fuite du temps et les ravages qu'elle cause sur les corps et les cœurs. En des formes poétiques fixes, les deux poètes s'adressent à une femme aimée encore jeune et la projettent dans le futur afin de l'inviter à réfléchir sur sa décrépitude à venir. Les deux œuvres sont ainsi l'occasion d'une méditation macabre sur la tragédie de la vieillesse; néanmoins, le pessimisme ne l'emporte pas puisque, dans les deux textes, la voix poétique apparaît apte à transfigurer le réel et à conjurer les effets dévastateurs du temps qui passe, offrant ainsi un accès à l'immortalité. [...]
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