Le texte de Zola nous propose un tableau sans compromis de la misère, qui nous est présentée à travers une pauvre famille. La date même insiste sur l'idée de planification de la générosité : on retrouve cette date, « le 1er janvier » à trois reprises dans le texte (l. 3, l. 24, l. 52). Cette date n'est pas innocente : c'est le jour où l'on prend de nouvelles résolutions, et cette générosité programmée semble aussi éphémère que le désir de changement. Ce n'est pas tant le portrait de la misère que nous donne à voir l'auteur que la possibilité pour cette pauvreté de se montrer, une fois dans l'année, au grand jour. On trouve cette revendication dans la personnification de la ligne 7 : c'est la mendicité qui sort dans les rues pour « s'exercer en plein jour, sans se déguiser sous les mille formes des industries de la rue. » Cette pauvreté cherche à se montrer sous son meilleur jour, ce que nous démontrent les antithèses présentes dans le second paragraphe : ce sont les « plus beaux haillons » qui sont portés, les pauvres « se parent de loques ».
[...] Cette bonne conscience de la bourgeoisie, cependant, ne semble pas atteindre la petite mendiante de huit ans (l. 14). Puisque c'est jour de fête, puisque ce 1er janvier, tous ceux qui passent (l. 36) sont ses amis, c'est franchement elle, qu'elle réclame son dû. Peu lui importent les jouets de vingt-cinq francs (l. c'est sou à sou (l. 47) qu'elle amasse son trésor (l. 50). C'est le rien qui s'oppose au tout L'ordre social est respecté, tout comme les conventions, les rituels sociaux organisés En effet, si cette enfant est inconsciente de sa condition, elle n'a pas davantage conscience de ce qu'a de superficiel l'esprit de cette journée, comme en témoignent les lignes 51 : elle a pu un instant se croire aimée de toute une ville. [...]
[...] petites mendiantes (l. 53). Ce vocabulaire, largement utilisé, donne une impression de foisonnement, de multitude ; impression renforcée par l'accumulation de la ligne 10. Ce n'est plus le pauvre simplement qui est mis en scène, mais les marchands d'allumettes, de lacets, de chansons C'est le grand peuple de la misère qui sort enfin, comme autrefois, lorsque les rues appartenaient aux pauvres (l. 17). Ce 1er janvier, les miséreux se montrent. Cependant, rien n'efface leur marginalisation ; si les gestes se font en plein jour (l. [...]
[...] Le 1er janvier, les parents et l'enfant se sont levés à cinq heures. La toilette a été longue et laborieuse. Puis le père et la mère se sont assis, immobiles, attendant le jour, tandis que la petite fille, plus coquette, a cherché vainement, pendant une grande heure, à cacher un gros trou qui occupe tout un côté de sa jupe. L'enfant est heureuse. Elle va recevoir ses étrennes. La veille, son père lui a dit : Demain, tu te feras belle, et nous irons dans les rues souhaiter santé et richesse aux heureux de ce monde. [...]
[...] On l'a dit, cette enfant ne semble pas avoir conscience de sa condition : c'est gaillardement (l. 38) qu'elle va chercher ses cadeaux. Mais que dire de ceux qui portent des paquets 43) et qui cèdent à la caresse (l. 43) de son regard ? Comment comprendre l'opposition qui est faite tout au long du texte entre ces cadeaux d'un louis (l. ces jouets de vingt-cinq francs (l. 60) destinés aux enfants riches, et les gros sous de l'aumône (l. [...]
[...] Les métonymies présentes aux lignes 22 et 43 soulignent d'ailleurs cet aspect : son sourire (l. ses yeux bleus (l. 43). C'est en effet un ange que l'on croit voir alors, avec ce sourire qui met de soudaines gaietés (l. 23) dans son logis sombre, et désarme les bourgeois riches qui se pressent dans les rues. Inconsciente de sa condition, c'est gaillardement (l. 38) qu'elle marche, s'opposant encore à ses parents qui eux, restent immobiles (l. 26). Elle sert de faire-valoir à la pauvreté et prend même une dimension biblique, comme le montrent les verbes de mouvement des lignes 38 à 40 : marche s'arrêtant va Elle semble être le messager de toute une classe sociale, une sorte de prophète guidant ses semblables qui, eux, la suivent (l. [...]
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