Le poème de PREVERT « Etranges étrangers » fait partie du recueil Grand bal du printemps paru en 1951. En examinant aussi bien la forme que les thèmes, la modernité de ce texte peut être vue sous différents angles :
1) L'absence de titre :
Ce poème est connu, et répertorié, par ses deux premiers mots « Etranges étrangers ». Mais ni la mise en page (ces mots sont en début de ligne, et non au centre de la page), ni le type de caractères (ceux-ci sont strictement identiques au reste du texte) ne les distinguent : ces deux mots constituent, non pas le titre, mais le début du poème.
Cette absence de titre se retrouve dans tous les poèmes du recueil Grand bal du printemps, et très fréquemment chez Prévert.
Pour Prévert, la poésie est ainsi une continuité : il n'y a pas de rupture, de clôture qui isole chaque texte du suivant. La poésie est un flux permanent, comme la vie. Ce qui donne une grande unité au recueil.
2) L'absence de ponctuation :
Cette idée de continuité se manifeste aussi dans la suppression de toute ponctuation (sauf le point final). Prévert n'est pas le premier poète à avoir supprimé toute ponctuation. C'est le poète Apollinaire qui, le premier, au début du XXème siècle, a eu cette audace.
L'absence de ponctuation, qui est caractéristique de la poésie moderne, permet toutes les modulations du rythme et multiplie les possibilités d'interprétation.
3) La versification libre :
Le poème « Etranges étrangers » est écrit en vers libres, c'est-à-dire des vers qui s'affranchissent du nombre régulier de syllabes, des rimes régulières, du regroupement en strophes de même longueur (...)
[...] Elle prend en compte tous les objets du quotidien, même les plus simples, les plus ordinaires : grandes ordures une vieille boite à cigares les bouts de fil de fer une poésie de l'engagement : Traditionnellement, la poésie évoque des sentiments individuels (amour, beauté de la femme, mélancolie du temps qui passe, peur de la mort). Ces sentiments sont exprimés par le registre lyrique. Mais, à partir des surréalistes et surtout de la seconde guerre mondiale, se développe une poésie de l'engagement politique et social. Le texte de Prévert s'inscrit dans cette démarche et devient ainsi un véritable plaidoyer. * * * * * En quoi le poème de Prévert Etranges étrangers est-il un plaidoyer ? [...]
[...] En quoi le poème de PREVERT Etranges étrangers est-il moderne ? Le poème de PREVERT Etranges étrangers fait partie du recueil Grand bal du printemps paru en 1951. En examinant aussi bien la forme que les thèmes, la modernité de ce texte peut être vue sous différents angles : L'absence de titre : Ce poème est connu, et répertorié, par ses deux premiers mots Etranges étrangers Mais ni la mise en page (ces mots sont en début de ligne, et non au centre de la page), ni le type de caractères (ceux-ci sont strictement identiques au reste du texte) ne les distinguent : ces deux mots constituent, non pas le titre, mais le début du poème. [...]
[...] En employant deux verbes formés du préfixe re renvoyé, retourné qui exprime le retour en arrière, la régression, Prévert dénonce la traîtrise des Français à l'égard de ceux qui leur avaient fait confiance. La cascade d'antithèses : Comme dans beaucoup de textes de dénonciation, Prévert recourt largement à la figure de l'antithèse : -pour opposer le bonheur des immigrés dans leur pays d'origine doux petits musiciens tous les échos de vos villages, tous les oiseaux de vos forêts jongleurs aux innocents couteaux jolis dragons d'or à leur situation misérable en France cobayes, ébouillanteurs, esclaves, où peu vous vous baignez ; -pour opposer la liberté défendu la liberté des autres à l'oppression parqués locaux disciplinaires pas cadencé ; -pour opposer la vie insouciante avant soleils adolescents à la mort après. [...]
[...] pour fêter la prise de la Bastille -leur confiance a été trahie : la France n'a eu aucune reconnaissance de leur contribution on vous a renvoyé la monnaie retourné vos petits couteaux dans le dos la colère indignée de Prévert : la célébration des opprimés : Contrairement à la place limitée que les opprimés occupent dans la société, Prévert leur consacre la quasi-totalité de son texte (cinquante vers sur cinquante-quatre). Comme pour une cérémonie en leur honneur, les immigrés sont appelés les uns après les autres. Du vers 1 au vers 45, par une longue suite d'apostrophes étrangers, Kabyles, hommes, cobayes . Prévert leur adresse la parole, chacun leur tour. l'anonymat des oppresseurs : A l'inverse, les oppresseurs sont peu présents (vers 46 à 49 seulement). [...]
[...] Tous les âges sont concernés : enfants enfants du Sénégal, enfants indochinois adolescents soleils adolescents adultes hommes des pays lointains Prévert dénonce la nature des injustices subies : Une fois arrivés en France, ils subissent une somme d'injustices : L'enfermement dans des ghettos : parqués locaux disciplinaires Ces ghettos existent dans tous les coins de Paris : au nord la Chapelle, porte de Saint Ouen, Aubervilliers au sud porte d'Italie à l'est la Bastille à l'ouest quais de Javel de Grenelle au centre du Marais du Temple des Rosiers En France, ce n'est pas seulement Paris, mais le sud-est Fréjus et le sud-ouest déportés de Navarre L'exploitation physique dans le domaine professionnel : -Ils sont condamnés à exercer les métiers les plus pénibles : éboueurs brûleurs des grandes ordures dans les abattoirs ébouillanteurs des bêtes -Ils ne bénéficient d'aucune protection sociale : précarité extrême marquée par les mots de même famille embauchés débauchés -Ils servent de cobayes -ils deviennent même esclaves L'exploitation morale : -en utilisant des mots de la même famille étranges étrangers embauchés débauchés dépatriés expatriés Prévert a voulu mettre l'accent sur la proximité de ces immigrés. -mais ils ont été enrôlés dans l'armée pour défendre, non leur liberté, mais celle de la France défendu la liberté des autres Esclaves noirs de Fréjus . [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture