Le monde est perturbé, perdu. La guerre amène de nouvelles questions, de nouvelles recherches spirituelles. Ces nouveautés atteignent l'art : de là naît le nouveau roman. Marquant une rupture avec le roman traditionnel, le style du nouveau roman est cassé, neutre et froid.
Le point de vue change et le récit est centré sur le personnage principal : l'histoire se déroule à travers ses yeux, ses réflexions et son langage. Loin d'être héroïque, il se révèle plutôt être un anti-héros écrasé par le destin. À travers ce personnage, l'auteur mène une quête morale, philosophique et éthique personnelle.
[...] Ce texte est très révélateur de l'engagement de Camus. Il nous y livre sa version de l'homme absurde, homme qui prend conscience de la contingence de la vie, mais qui accepte sa condition. Il dresse également le portrait du monde absurde dans lequel ce dernier doit vivre. Dans ce monde, la justice n'est pas juste, les procureurs sont des menteurs et les jurés des marionnettes. La tolérance a disparu, les apparences font acte de vérité. L'étranger est étranger dans un monde étrange. [...]
[...] La critique de la justice laisse entrevoir le portrait du personnage camusien, portrait qu'il faudra tenter de déceler derrière les absurdités judiciaires. Cette scène fait partie du procès de Meursault. La justice y est fortement critiquée, l'ironie tranchante de Camus ne fait pas de cadeau. Trois critiques majeures sont clairement adressées. La justice ne se limite pas à son rôle, commettant ainsi un abus de pouvoir. En plus, elle est intolérante et tente de manipuler les jurés en assimilant le crime de Meursault au parricide. [...]
[...] Ici, le procureur joue un rôle, celui du psychologue qui tente par tous les moyens de se donner des airs importants pour convaincre la foule. Il pose des affirmations fondées sur son seul jugement (qui n'a dans le cas pas grande valeur) comme vérités absolues dans le seul but de manipuler les jurés. En fait, il ne se base que sur quelques témoignages et sur l'apparence de Meursault, qui est différent de la plupart des gens. Il s'arrange pour les amener à croire ce qu'il veut qu'ils croient. [...]
[...] La critique de Camus envers la justice est très forte. La justice est évidemment censée être juste, droite, neutre. Là, elle est tout le contraire : manipulatrice, faussée et arbitraire. Elle met de côté des éléments décisifs pour s'attaquer au comportement et à la vie des accusés, ce qui est totalement hors de propos et inapproprié. Camus lance un signal : la population doit se méfier du système judiciaire. Or, en période de guerre, la justice est importante : si personne ne peut se fier à elle, alors à qui se fier ? [...]
[...] Par cette annonce, il tente d'attendrir les jurés. Puis il attaque la deuxième étape. Une fois les jurés en condition, totalement remué, le procureur commence à leur embrouiller l'esprit en assimilant le parricide au meurtre de Meursault. C'est de la manipulation pure et dure ! Le seul point commun entre les deux actes est la mort d'un individu, mais les circonstances ne sont absolument pas les mêmes : le procureur ne devrait pas comparer et assimiler le meurtre de Meursault au parricide, ce n'est absolument pas correct. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture