Dans la première partie du roman, il est important de noter la singularité de Meursault. Réfugié dans la sensualité et la solitude, celui-ci refuse de mentir. Comme l'indique Camus dans sa Préface : "Mentir, ce n'est pas seulement dire ce qui n'est pas. C'est aussi, c'est surtout, dire plus que ce qui est, et en ce qui concerne le cœur humain, dire plus qu'on ne sent."
De la singularité de Meursault naît la notion d'"étranger". Le protagoniste est étranger à la société, à son code du comportement et à ses conventions, parce que fondés sur le mensonge. En ce sens, il erre en marge dans ce monde d'illusions et refuse ce jeu social. Le premier entretien avec l'avocat est emblématique de cette singularité ; l'avocat, confronté aux vérités de Meursault, est outré : "Aussitôt la société se sent menacée." Meursault est également étranger à sa propre vie, il n'y adhère pas.
[...] Jusqu'à la fin du roman, Meursault refuse l'illusion et le mensonge. La rencontre avec l'aumônier témoigne d'une prise de conscience que la mort est un destin collectif auquel personne n'est étranger Conscient que son passé a obéi à un ordre qui n'a plus d'importance, Meursault refuse le regret, cette autre forme de l'espoir si près de la mort, vidé de tout espoir comme de toute crainte, Meursault accepte son destin parce que la finitude est l'essence de l'homme et l'avenir, le masque de la mort L'expérience qu'il vit justifie toute son existence, c'est d'ailleurs pour qu'elle s'achève dans l'absolu que Meursault souhaite être accueilli par des cris de haine. [...]
[...] C'est plus la curiosité de la découverte que son propre sort qui l'intéresse dans son procès. A plusieurs reprises on retrouve la thématique de l'enfermement ; paradoxalement, avant même d'être en prison, Meursault est prisonnier de sa propre vie, de cette société dérisoire. Le meurtre est un élément déclenchant d'une évolution chez Meursault. Paradoxalement, à la suite de cette revendication volontaire de sa culpabilité, Meursault renaît. La vérité toujours au centre de sa réflexion, il prend conscience de ce qu'il est, de sa présence au monde, avec volonté tenace de lucidité. [...]
[...] "L'étranger", Albert Camus - l'évolution de Meursault, ses constantes et ses métamorphoses Sujet : analyser l'évolution de Meursault, ses constantes et ses métamorphoses. Convaincu que l'avenir n'est que le masque de la mort Camus voit dans la littérature un moyen idéal d'éclairer ses lecteurs sur l'absurde de la condition humaine, inlassable répétition. Son célèbre roman L'Etranger témoigne de cette philosophie grâce à l'évolution de son personnage : le comportement de Meursault, son statut d'étranger, et sa prise de conscience. On pourra ensuite aisément justifier le dénouement du roman. [...]
[...] Et par la même il échappe à l'absurde. Finalement, l'insensibilité apparente de Meursault n'est que le masque de son amour pour la vérité, le soleil qui ne laisse pas d'ombres et cette passion le suit tout au long du roman. Une évolution transforme Meursault en un seul être, il adhère à sa vie. Meursault n'était étranger à rien, sinon aux tristes illusions humaines. Finir silencieusement éternel à sa finitude et à sa propre prison, c'est le message sans espoir, mais non sans amour, laissé par Meursault. [...]
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