Une apostrophe plaisante au public : cet artifice théâtral a pour fonction de créer une familiarité avec le spectateur, d'autant plus que ce personnage commence par lui proposer du thé ("Vous voulez du thé ?", l.1) et s'excuse de ne pas l'avoir fait plus tôt : "J'ai oublié de vous en proposer, excusez-moi..." (l.1).
Cette adresse au public et cette proposition ont pour effet d'attirer la sympathie du spectateur pour le personnage, qui apparaît comme un hôte dont le spectateur serait un invité (..)
[...] L'auteur réitère ce procédé plusieurs fois dans les lignes suivantes, ce qui crée un comique de répétition : Avec toutes sortes de personnes, même les les La preuve ce petit Nabil, c'est un Il est Il (Long temps.) Il est (Silence.) Ŕ En outre, l'enchaînement entre la phrase inachevée de la ligne 5 Oh ce petit Nabil, un petit et la suivante Mais adorable, mignon, mignon ! contient une allusion particulièrement grotesque et détestable : par l'antithèse introduite par la conjonction de coordination Mais l'auteur laisse transparaître de manière ridicule le préjugé xénophobe de la grand-mère selon lequel il est impossible d'être à la fois maghrébin et sympathique. [...]
[...] l.21) au lieu de la cacher ou de l'excuser affectueusement. Cette femme met aussi en évidence la pauvreté de vocabulaire de Nabil : Je voyais bien dans ce C'est bien qu'il ne savait pas dire comment on apprécie un spectacle. (l.23-24). III. L'IGNOMINIE DE LA BONTÉ : UNE CRITIQUE DE L'ETHNOCENTRISME ET DU RACISME DE LA BOURGEOISIE A. Un portrait à la fois ancré dans une époque précise et intemporel Ŕ Cette scène est ancrée dans une époque assez précise : l'évocation par la grand-mère de son amie qui était en Algérie en quarante-sept, juste après la Seconde Guerre mondiale (l.10) permet d'imaginer que l'histoire se situe vers la fin du XXème siècle. [...]
[...] Ŕ Notons aussi que si Nasser Djemaï, de manière insolite et en jouant avec les conventions théâtrales, fait de la grand-mère l'hôte du spectateur, cette femme semble toutefois s'être servi du thé en premier et avoir oublié son invité Sa politesse excusez-moi dissimule donc assez mal un personnage marqué d'emblée du sceau de l'égoïsme. Ajoutons enfin que, par définition, le spectateur ne pourra boire le thé que lui propose la grand-mère : il est donc comme un invité privé de la boisson dont seule son hôtesse s'abreuve Ŕ De même, l'apprentissage de la manière dont on doit apprécier un spectacle que la grand-mère prétend prodiguer à Nabil est assez ridicule, dans la mesure où il paraît subjectif et contestable on ne dit pas c'est bien pour une œuvre artistique l.27), voire franchement absurde : on ne rit pas au théâtre (l.20). [...]
[...] Ça court vite ces bêtes-là, c'est redoutable ces bêtes, ils se déplacent dans la jungle avec une dextérité qui nous dépasse, ces félins C'est tellement majestueux. J'adore les documentaires sur l'Afrique, je pense que j'aurais aimé être vétérinaire. Nabil il a quelque chose de noble dans sa manière d'être. Mais je sens qu'il est en demande de quelque chose. Je sens qu'il a besoin de s'ouvrir, de s'épanouir. J'ai proposé à ma fille Jeanne, la maman de Jean-Luc, de l'intégrer un jour à l'aumônerie. Je suis sûre qu'il y serait très heureux. [...]
[...] Ce texte fait ainsi écho à la colonisation et à l'évangélisation de l'Amérique du Sud puis du Nord par les Européens, ou encore à la colonisation de l'Afrique ou à celle de l'Asie. B. La satire de l'ethnocentrisme européen et du racisme Ŕ La condescendance de cette femme pour Nabil symbolise le mépris profond de certains Européens pour les Maghrébins et les Musulmans. L'antithèse de la ligne 6 Oh ce petit Nabil, un petit mais adorable, mignon, mignon ! et l'expression péjorative ces gens-là (l.13) rendent sensible le racisme que l'auteur prête au personnage de la grand-mère et qu'il condamne de manière satirique. [...]
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