Ethuin, "De l'idéologisation de l'engagement communiste"

Résumé du document

Synthèse critique de l'article de Nathalie Ethuin intitulé De l'idéologisation de l'engagement communiste.

Extraits

[...] La logique de l'idéologisation La logique de l'idéologisation est donc la suivante. Elle donne un cadre d'interprétation à la fois du passé, du présent et de l'avenir. J'étais en bas de l'échelle sociale non parce que j'étais un crétin, mais parce que j'étais victime de l'exploitation capitaliste. Aujourd'hui je me bats pour abolir le capital. Demain nous parviendrons à une société où les conflits sociaux auront disparu. On rejoint ici le livre sur l'idéologie de Pierre Ansart[1] qui montrait comment l'adhésion à une idéologie prenait l'allure d'une conversion qui réinterprétait le passé et restaurait la dignité de la personne et de sa classe. [...]

[...] Le nous donne une force supplémentaire. Mais la subjectivité ne disparaît pas : l'enrôlement communiste donne simplement un sens nouveau à l'existence. Etre communiste révolutionnaire est aussi un moyen de distinction vis-à-vis des autres ouvriers qui acceptent de subir l'exploitation capitaliste. Finalement le mécanisme joue au niveau de l'estime de soi et du désir de reconnaissance qui a besoin de passer par une remise de soi. L'autonomisation à l'égard de son milieu d'origine doit passer par une discipline de pensée qui impose certains cadres. [...]

[...] Le prix de la lutte Pour lutter à armes égales avec le patronat, l'éducation est primordiale pour les militants communistes. Les matières théoriques enseignées le sont au nom de l'efficacité de l'action. Les efforts de formation sont consentis pour s'assurer la victoire sur le capitalisme. L'emprise de l'enseignement sur les militants est d'autant plus grande qu'il se drape d'un tissu de vérité et d'un sceau scientifique. Ce statut place le militant dans une position de force et le rassure dans le fait qu'il possède la vérité. [...]

[...] Ainsi il espère saisir les logiques d'idéologisation de l'engagement. L'hypothèse de départ est qu'il n'existe pas une orthodoxie idéologique du militant qui préexisterait à son engagement, mais que celle- ci se construit tout au long de l'apprentissage institutionnel. La méthode employée consiste à dégager à l'échelle individuelle une analyse de la socialisation scolaire communiste. Pour cela, il faut aller étudier les conditions sociale et culturelles de la réception des savoirs transmis dans les écoles. Le point de vue est le même que celui de B. [...]

[...] Du sentiment d'injustice à son explication théorique Souvent la vocation communiste prend sa source dans le vécu de la condition ouvrière et dans une conscience aiguë des inégalités sociales et culturelles. Le message communiste est souvent décrit comme un passage d'un instinct de classe à un esprit de classe. Autrement dit, on va du sentiment difficilement exprimable d'une injustice à l'explication théorique de cette injustice. Ainsi le discours communiste fonctionne parce que des individus ont fait au préalable l'expérience de barrières irréductibles entre les classes sociales. [...]