Philosophie, Aristote, Éthique à Nicomaque, loisir, Travail, bonheur, logos, ideal, perfection
Le loisir est-il ce temps permettant d'entretenir le travail comme le repos régulier permet d'entretenir notre état éveillé ? Ce serait confondre le loisir et le jeu. Si le jeu est, en effet, comme délassement et plaisir, un complément indispensable à la peine, à l'effort du travailleur, le loisir s'oppose au jeu comme au travail : le jeu ne se comprend, en effet, que par rapport au travail qu'il entretient, et le travail ne se comprend que par rapport à une fin autre que lui-même, celle qu'il sert à titre de moyen.
Le loisir est, en revanche, à lui-même sa propre fin, c'est pourquoi la question de son contenu (à la différence de celui du travail ou du jeu qui ne sont que des moyens) est si importante. Ce contenu, variable selon l'idée que chacun se fait du bonheur, aura à être précisé « le plaisir de l'homme le plus parfait étant le plus parfait de tous et qui procède des sources les plus nobles ».
[...] En déclarant d'emblée le travail comme le loisir indispensable, Aristote semble nous conduire vers une classique complémentarité entre ces deux modes d'être. Le loisir serait en quelque sorte au travail ce que le repos est à la vie active. Si, cependant, le loisir est « préférable à la vie active », nous devons nous demander si le loisir n'est pas à penser dans le cadre d'une alternative à la vie active, au travail plutôt que dans celui d'une alternance à ce dernier. Mais comment rendre compte, dans cette hypothèse, du caractère indispensable du travail comme du loisir ? [...]
[...] C'est dire que si l'un est un remède dont il ne faut pas abuser et qui ne saurait être bénéfique en dehors de tout terrain laborieux, l'autre ne saurait être associé à la peine, c'est pourquoi il ne se décline pas en moments opportuns de plaisir mais en « bonheur » et « félicité de vivre ». Le loisir est le cadre permanent d'une vie heureuse. C'est pourquoi « ce bonheur n'appartient pas aux gens occupés, mais seulement à ceux qui mènent la vie de loisir ». [...]
[...] Comment remplir ce cadre du loisir pour qu'il soit à lui-même sa propre fin, son propre but ? Serait-ce le jeu ? Nous opposons généralement, en effet le jeu comme détente, délassement, à l'effort, à la tension du travail. Mais comment ne pas voir, avec Aristote, qu'il s'agit ici d'activités complémentaires, au sein d'une même vie active de sorte que « les amusements doivent plutôt être pratiqués au sein des occupations sérieuses ». Le jeu selon Aristote Faire du jeu le contenu d'une vie de loisir, ce serait faire du jeu « la fin de la vie », ce qui est, pour Aristote, « inadmissible ». [...]
[...] Les Aztèques le réprimaient ainsi sévèrement car il représentait pour une civilisation hantée par le problème de la perte d'énergie, la perte gratuite de cette force vitale que les nombreux sacrifices humains devaient canaliser pour servir l'ordre du monde, la course du soleil. On sait à quel point la passion du jeu peut détruire des familles car le jeu est une pure dépense d'énergie, il ne construit rien. Désordre, il s'oppose à l'ordre que le travail humain et l'activité politique produisent. [...]
[...] Et nous comprenons désormais en quoi le loisir peut apparaître comme étant aussi indispensable que le travail : si ce dernier répond aux nécessités biologiques de la vie humaine, le loisir est, lui, indispensable à une vie pleinement humaine. Conclusion On pourrait reprocher à ce texte de distinguer aristocratiquement les modes de vie car en le faisant, condamnait une partie de l'humanité à se rapprocher d'une condition animale asservie aux nécessités vitales afin de libérer quelques êtres humains (choisis selon quels critères qui, eux, pourront mener cette vie pleinement humaine de loisir ? [...]
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