L'état de siège, Camus, 1948, Espagne, régime totalitaire, mécanisme de la peur
À l'époque de la sortie de la pièce en 1948, le critique et philosophe Gabriel Marcel s'étonne et s'indigne du fait que la pièce se déroule en Espagne. Pourquoi l'Espagne alors que Camus vient de critiquer le régime soviétique ? Camus explique que c'est volontairement qu'il situe la pièce en Espagne, genèse de la guerre totalitaire.
L'Espagne étant la première grande cause pour laquelle il a milité. Cadix figure l'état totalitaire.
Il a choisi le dépaysement chronologique ce qui permet d'autres interprétations et d'autres lectures ; on peut y reconnaitre l'Allemagne nazie et l'Union soviétique.
L'oeuvre de toute évidence vise d'autres régimes que le franquisme. La pièce est donc d'une façon générale anti-totalitaire.
L'hispanité de la pièce est au bout du compte superficielle ; noms locaux seulement.
Camus reprend le thème de son précédent roman La peste tout en précisant clairement : « qu'elle n'est à aucun degré une adaptation de son roman ».
Il y établissait une chronique de la contamination, de la propagation de la maladie dans la ville d'Oran.
[...] P.42-43 mentir est toujours une sottise non, il est politique Derrière ce personnage, une thèse est avancée : le nihiliste s'exprime dans un cynisme politique qui est instrumentalisé par l'état totalitaire. C'est la thèse que Camus développe dans L'homme révolté. Nada donne donc des commentaires publics de la situation : peste ou gouverneur, c'est toujours l'état p78 puis P127 il justifie le trucage de l'élection. Même à la chute de l'état totalitaire, il reste à commenter et à regarder. P114 choisissez de vivre à genoux plutôt que de mourir debout, afin que l'univers trouve son Il inverse le discours représentatif des valeurs démocratiques. [...]
[...] La peur a disparu, la Peste s'en va. On voit ici le côté allégorique : la Peste prend le pouvoir et repart sans la guerre. La Peste prend le pouvoir simplement parce que le régime était incapable de lutter. L'engagement est ici total. Le texte se conclut sur les mots du pêcheur ô vague ô mer, patrie des insurgés Il a conscience de tout ce que le peuple a vécu et se souvient de toutes les peines, l'importance est donc mise sur la mémoire et sur la portée historique de la révolte, sa valeur collective. [...]
[...] Dans la pièce on a d'abord la représentation de la collectivité qui fait la ville. Elle apparait comme son âme. Il y a une solidarité, elle est formée d'une multitude d'individus, de différences sociales. Ce lieu unique est placé sous le signe de l'évolution, change selon trois environnements différents : avant, pendant et après la Peste. Au début de la partie 1 des scènes de vie quotidienne sont représentés, notamment lors du marché. La cité est florissante. Dans la Partie 2 : La ville est entourée de barbelés, des charrettes transportent les morts. [...]
[...] Il est facile à la Peste de prendre le pouvoir. Cela rejoint une position qu'adoptait Camus dans les articles de Combat en 1944-1945, il souhaitait la destruction du régime de Vichy, mais pas le retour à la république qui précédait Vichy. Ici, c'est donc beaucoup moins de l'Espagne dont il est question que de la France. La Peste, en arrivant, signifie au gouverneur et aux alcades que leur temps est fini, que c'est l'effondrement du régime conservateur. Cet ancien conservatisme qui doit être épuré : le gouverneur ne revient pas à la fin. [...]
[...] La pièce est donc d'une façon générale anti-totalitaire. L'hispanité de la pièce est au bout du compte superficielle ; noms locaux seulement. Camus reprend le thème de son précédent roman La peste tout en précisant clairement : qu'elle n'est à aucun degré une adaptation de son roman Il y établissait une chronique de la contamination, de la propagation de la maladie dans la ville d'Oran. Camus montre ainsi comment ce mal divise les hommes et les rapproche à la fois, leur soif de vivre naîtra dans cette adversité et ce désespoir. [...]
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