Entre 1586 et 1587, Montaigne aborde la fin de sa vie, et c'est à ce moment-là qu'il écrit le chapitre X du livre III des Essais, « De ménager sa volonté ». Il y explique comment vivre sans se faire de souci, comment se « ménager ».
Le chapitre décline deux idées. Tout d'abord il s'intéresse au devoir envers le public (les charges publiques), et y affirme son individualisme. Il s'occupe surtout des devoirs envers soi-même, son idéal moral à cette époque étant l'épanouissement du « moi » considéré dans toutes ses facultés naturelles. La deuxième idée est l'attitude à avoir envers les passions. Il préconise une méthode de diversion parce qu'elle est jugée seule conforme à la vanité de notre nature. Il évite de s'engager dans les passions pour ne pas avoir à en soutenir l'effort. Il n'est plus question pour Montaigne de se contenter de ses biens strictement nécessaires, mais il demande une certaine accoutumance, sans avoir à se priver. Cependant, même s'il est excusable de vouloir son accoutumance, Montaigne ne le vit pas sans certaines limites, car plus on amplifie notre besoin et notre possession, plus a de chances de tout perdre.
[...] De plus Montaigne parle de leur âme (l.13), qui est ce chacun a de plus intime et de plus singulier. Mais l'accusation la plus forte est celle de se transsubstantier (l.7). La transsubstantiation est un terme chrétien qui désigne la transformation du pain et du vin en corps et en sang du christ. Montaigne accuse alors certains hommes de se prendre littéralement pour Dieu, marque d'orgueil ultime. Ainsi, cet orgueil et cette transformation fausse leur jugement, et Montaigne critique particulièrement ces erreurs. [...]
[...] Les Essais de Montaigne, Livre III, chapitre X : De Ménager sa volonté Entre 1586 et 1587, Montaigne aborde la fin de sa vie, et c'est à ce moment-là qu'il écrit le chapitre X du livre III des Essais, De ménager sa volonté Il y explique comment vivre sans se faire de soucis, comment se ménager Le chapitre décline deux idées. Tout d'abord, il s'intéresse au devoir envers le public (les charges publiques), et y affirme son individualisme. Il s'occupe surtout des devoirs envers soi- même, son idéal moral à cette époque étant l'épanouissement du moi considéré dans toutes ses facultés naturelles. [...]
[...] Il s'agit de phrases que l'on retient facilement, et à garder toujours en tête. C'est une très bonne technique pédagogique, qui est caractéristique de Montaigne. Le présent de généralité confère une valeur universelle au propos, et, en dehors de ces formules, le texte l'emploie largement. On peut noter aussi le ton péremptoire qu'utilise Montaigne d'une part dans ses formules, mais tout aussi bien dans le texte. En effet, on note à plusieurs reprises : il faut (l.2 et il ne faut pas (l.3-4 et ne doit (l.17), doit être (l.20), et doit savoir (l.21). [...]
[...] De plus, on voit dans ce passage l'orgueil de Montaigne qui se dessine, revendiquant ses qualités. Ces préceptes, leçons et cet orgueil vont prendre de plus en plus d'importance dans les Essais au fil du temps, ce que l'on constate principalement dans les ajouts d'après l'éditions de 1588 (strate C). Montaigne s'attache ici à montrer l'importance de rester soi et humble malgré les charges souvent honorifiques qui peuvent nous flatter, et cette idée qui lui est chère sera reformulée à la fin des Essais, dans le chapitre 13 du livre III De l'expérience : Et au plus élevé trône du monde si ne sommes assis que sur notre cul (p.1115). [...]
[...] Or c'est justement le contraire de ce que Montaigne prône ici, et depuis le début du chapitre. Lui-même ne sait pas [s]'engager si profondément et si entier (l.23), et revendique cet aspect. Il dénonce le fait de devenir entièrement fonctionnaire de sa charge, et le formule à travers deux métaphores successives, l'une ayant trait au corps humain : ils se prélatent jusqu'au foie et aux intestins (l.8-9) suggérant que cela les prend au plus profond d'eux-mêmes ; l'autre aux lieux d'aisance : ils entraînent leur office jusqu'en leur garde-robe suggérant ici le manque de séparation entre les charges publiques et les lieux privés. [...]
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