Essais, Montaigne, Madame du Deffand, Horace Walpole, introspection, éthique, Psychologie, épistémologie, connaissance
Michel de Montaigne rédige ses Essais « pour lui-même » et dans une visée d'introspection : il s'agit de se peindre soi-même, dans une honnêteté certaine vis-à-vis de soi-même.
Le Livre III est particulièrement sollicité à ce titre quand il s'agit de classer Montaigne dans l'historiographie de la pensée française et de la pensée humaniste. Madame du Deffand (1696-1780) le comprend bien lorsqu'au XVIIIe siècle, elle conseille à son ami britannique Horace Walpole (1717-1797) la lecture des Essais de Montaigne. Madame du Deffand écrit ainsi à Walpole le 27 octobre 1766 une lettre dans laquelle Montaigne y est vu comme un auteur ayant confectionné, dans ses Essais, une oeuvre de l'esprit.
[...] II - La dimension épistémologique du Livre III des Essais de Montaigne La dimension épistémologique est essentielle au Livre III des Essais de Montaigne. Ce dernier le confesse lorsqu'il affirme : « J'aime et honore le savoir, autant que ceux qui le possèdent. Dans son usage véritable, c'est la conquête la plus puissante et la plus noble des hommes » (Chapitre VIII, Livre III). Mais ce savoir doit être employé avec méthode et raison, axé sur la raison et l'expérience et sur la liaison entre éthique et épistémologie par la « façon de régler sa volonté » A - La raison et l'expérience comme source de connaissance Montaigne l'affirme d'emblée : « Il n'est pas de désir qui soit plus naturel que celui de la connaissance. [...]
[...] Ainsi l'honnêteté de la recherche du savoir pourra-t-elle guider l'homme vers une réforme de son esprit. Montaigne est un homme de son temps, mais il inaugure toute une tradition intellectuelle et humaniste : « Descartes, Pascal, La Mothe Le Vayer héritent incontestablement de Montaigne, à titre d'auteurs sceptiques ». Aussi, l'influence de Montaigne sera-t-elle à ce point considérable qu'au XVIII[e] siècle encore, elle rayonne sur la France de Madame du Deffand. Initiateur de tradition, Montaigne est aussi irrésolu qu'affirmatif : « Il n'enseigne rien, parce qu'il ne décide rien ». [...]
[...] Reprenant en cela le scepticisme de Sextus Empiricus et le stoïcisme romain, Montaigne se dresse sur l'épaule de géants antiques qu'il surplombe, selon la formule de Bernard de Chartres au XII[e] siècle : « Nous sommes comme des nains assis sur des épaules de géants », que Montaigne reprend au Livre III : « Nous échelonnons ainsi de degré en degré. Et advient de là que le plus haut monté a souvent plus d'honneur que de mérite. Car il n'est monté que d'un grain sur les épaules du pénultième ». [...]
[...] L'une nous tourmente, l'autre nous effraie. Ce n'est pas contre la mort que nous nous préparons ( . en fait, nous nous préparons contre les préparations à la mort. La philosophie nous demande d'avoir toujours la mort devant les yeux » (Chapitre XII, Livre III). Reprenant Cicéron, il écrit ainsi que « la vie des philosophes est toute entière une étude dévolue à la mort ». Mais parce que « la vie doit être elle-même son propre but, son propre dessein » (Chapitre XII, Livre III), il faut établir des règles par lesquelles la vie et le savoir seront liés. [...]
[...] B - Le bien agir : la dimension éthique La dimension éthique des Livres III des Essais répond à ce que Madame du Deffand affirme à Walpole : « Il cherche, il observe, il reste dans le doute ». Rester dans le doute, c'est pour Montesquieu la noblesse même de l'attitude de cet homme de la Renaissance : « Si je rends publiques mes imperfections, si je les condamne, on saura s'en méfier. Il m'est plus glorieux de m'accuser des aspects de moi-même auxquels j'attache le plus d'importance, que de m'en féliciter. [...]
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