Montaigne, Socrate, Essais De la physionomie, comportement, critique, Esthétique ou philosophie de l'art, science, renaissance
Le titre, De la physionomie, renvoie à une « science » de la Renaissance, la « physionomie » ou plutôt la physiognomonie, qui faisait un lien entre les traits du visage et le caractère, donc le comportement. La « physionomie » permet de dépasser les apparences, le paraître, pour percevoir la vérité de l'être. Elle ne relève pas de l'esthétique. Ainsi, la laideur d'un visage peut correspondre à une beauté intérieure.
[...] » « servare modum, finemque tenere, [garder la mesure, s'en tenir à son but Naturamque sequi et suivre la Nature.] » Cette citation de Lucain (Pharsale, II, 381-382) a une double fonction : d'abord, elle met en avant l'idée de modération (titre de 30) : il faut refuser l'idée du dépassement qui pousse à monter trop haut. C'est aussi la mise en valeur de la fermeté, de la constance qui est exprimée. Enfin, c'est l'idée qu'il faut refuser l'artifice : « Nature est un doux guide » écrit-il dans le même chapitre. (III, 13). [...]
[...] III ~ CATON OU L'HÉROÏSME CONTRAINT ET HAUTAIN « 5 Car, en Caton, on void bien à clair [clairement], que c'est une alleure tenduë [un comportement volontariste] bien loing au dessus des communes :[qui va bien au-delà de ce dont les hommes sont ordinairement capables] Aux braves exploits [dans les belles actions] de sa vie, et en sa mort, on le sent tousjours monté sur ses grands chevaux. » Il fait grief à Caton, qu'il loue pourtant dans les Essais, de n'être pas totalement l'homme idéal qui faisait l'admiration de Lucain : il lui reproche de forcer sa nature, et non de la suivre naturellement : l'« alleure tenduë » correspond aux « saillies » dénoncées plus haut. L'expression imagée « monté sur ses grands chevaux » dénonce plaisamment une attitude hautaine. [...]
[...] Ailleurs, dans le chapitre « De la cruauté », Montaigne dit préférer la mort de Socrate au suicide de Caton. Les « espineuses traverses » filent la métaphore de la marche. Le « train de la vie humaine » est ce qui caractérise le mieux Socrate, homme parmi les hommes. CONCLUSION Avec ce portrait élogieux de Socrate, Montaigne propose un idéal. Le philosophe grec prend le contrepied des autres et cette originalité fait de lui un modèle. Il est davantage admiré que l'austère Caton, trop grave, trop raide. [...]
[...] » Montaigne a commencé le chapitre en dénonçant la faiblesse du jugement humain. Socrate va offrir un excellent contrepoint. La première phrase prolonge cette dénonciation. Une formule désabusée, restrictive (« ne . que ») au présent gnomique : L'humanité privilégie « l'ostentation », autrement dit le paraître, le regard superficiel des autres, la simple perception. Cette ostentation est la pose que prennent les hommes, en particulier, on le verra, les penseurs qui visent trop haut, qui ont une pensée compliquée. [...]
[...] Socrate est un vrai sage, car sa vertu n'est pas passagère et donc irrégulière, elle constitue son caractère. Il se caractérise par la constance. Cette marche, qui s'oppose à la vaine élévation présentée dans la première phrase, donne aussi l'idée d'une mobilité, d'une adaptabilité, alors que Caton est figé dans l'immobilisme de son héroïsme, comme une statue. L'utilité mise en avant indique que la philosophie de Socrate est pragmatique, tournée vers l'action : il est un exemple utile, quand surmonte les difficultés et quand il marche à la mort. [...]
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