Essais, Au lecteur, Montaigne, épître, renaissance, orgueil, modestie, autoportrait, curiosité
Des épîtres figurent souvent en tête des livres de la Renaissance. Se conformant à cet usage, au début de son oeuvre, Montaigne s'explique sur son entreprise et il propose un pacte de lecture. Le projet est original, le lecteur doit donc lui aussi adopter une attitude originale. En II, 8, De l'affection des pères aux enfants, on peut lire : « C'est le seul livre au monde de son espèce, d'un dessein farouche et extravagant. » C'est cette originalité qu'il s'agit de mettre en lumière. Conscient de sa singularité, l'auteur des Essais fait-il preuve d'orgueil ? Comment se présente-t-il ? Comment lecture et écriture apparaissent-elles ?
[...] « Pour Montaigne l'œuvre littéraire n'est pas l'occasion de se fabriquer une nouvelle forme, mais plutôt une manière de révéler sa propre forme, son `essence'. Il ne se revendique pas comme un artiste. Cependant Montaigne corrige beaucoup (voir l'exemplaire de Bordeaux) » (Floyd Gray). L'autoportrait est revendiqué. Il n'y a pas de différence entre lui et son livre. Ce n'est pas une autobiographie si l'on reprend la définition de Philippe Lejeune (Le Pacte autobiographique car manque la chronologie, le « récit » continu : « [ . [...]
[...] Cette nudité physique joue le rôle d'une image, elle renvoie à l'authenticité, à la transparence. La seconde occurrence du verbe « peindre » confirme le genre de l'autoportrait. III ~ CONSÉQUENCE « 8 Ainsi, Lecteur, je suis moi-même la matière de mon livre : ce n'est pas raison que tu emplies ton loisir en un sujet si frivole et si vain. » « Il en va ici du protocole de lecture des Essais qui suppose en Montaigne, et en chacun de nous forme entière de l'humaine condition'' (III Du repentir). [...]
[...] La mort est un des thèmes des Essais. En réalité, Montaigne mourra bien plus tard : le 13 septembre 1592, donc 12 ans plus tard. Les Essais sont une forme de tombeau, au sens littéraire du terme, mais en prose. Il entend transmettre les éléments d'une éthopée (portrait moral). Les Essais relèvent donc de l'autoportrait II ~ UN AUTOPORTRAIT AU NATUREL « 4 Si c'eût été pour rechercher la faveur du monde, je me fusse paré de beautés empruntées et me présenterais en une marche étudiée. [...]
[...] Montaigne utilise le mot de façon méliorative. Dans les Essais, souvent, l'adjectif « naïf » n'apparaît pas seul : « naïve et simple obéissance » « « vraie et naïve philosophie » « vertu naïve et sincère » (III, 9). 7 « Que si j'eusse été [si j'avais vécu] parmi ces nations qu'on dit vivre encore sous la douce liberté des premières lois de nature, je t'assure que je m'y fusse très volontiers peint tout entier, et tout nu. » L'hypothèse-comparaison encore à l'irréel du passé atteste le choix du naturel. [...]
[...] 3 « Je l'ai voué [destiné] à la commodité particulière de mes parens et amis : » Cette phrase précise « fin [ . ] domestique et privée ». Le profit est réservé à un cercle restreint. Le lecteur devient donc un proche, un « ami ». « à ce que m'ayant perdu (ce qu'ils ont à faire [ce qui leur arrivera] bientôt) ils y puissent retrouver aucuns [certains] traits de mes conditions [tendances] et humeurs [goûts], et que par ce moyen ils nourrissent plus entière et plus vive, la connaissance qu'ils ont eu de moi. [...]
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