Des Coches, Montaigne, antiquité, indiens, espagnols, roi du Pérou, Atahualpa, roi du Mexique, Cuauhtémoc, Inca, renaissance, commentaire de texte
Dans les Essais, conformément à son désir de liberté d'écriture, Montaigne procède bien souvent par "sauts" et par "gambades" (III, 9, De la vanité), c'est-à-dire par réflexions dérivées. Chaque sujet évoqué est l'occasion d'amener un exemple de plus, un argument supplémentaire, un thème nouveau. Dans " Des Coches ", parti du constat de notre ignorance, qui l'a mené à évoquer les éternuements, le mal de mer, et à la suite d'une série de " sauts et gambades " de la pensée, M en est arrivé, au milieu du chapitre, à l'exemple de vanités magnifiques : les jeux extraordinaires organisés dans les arènes. Ces " vanités ", des anciens nous montrent des esprits différents de ceux de nos contemporains.
[...] Ils le spolient et le ruinent (du verbe spolier). La proposition incise « au prix de quelque déloyauté que ce fût, » est une incrimination de plus. Et la perfidie, la déloyauté, la fourberie des Espagnols s'opposent à la fiabilité des Incas. « On lui apposta une fausse accusation et preuve, qu'il desseignait de faire soulever ses provinces pour se remettre en liberté. » La phrase est saisissante et drôle parce qu'elle comporte un non-sens, un défaut de logique : on prouve à ce roi que ses intentions sont mauvaises. [...]
[...] - Ou encore que « C'est le déjeuner d'un petit ver que le cœur et la vie d'un grand et triomphant empereur. » (II Apologie de Raimond Sebond). - « Philosopher c'est apprendre à mourir ». Du parler prompt et tardif). - Montaigne pense ainsi peut-être à Marc Aurèle, cet empereur philosophe. Dont les pensées sont marquées par le stoïcisme : « Il est d'un homme réfléchi de ne pas s'emporter violemment contre la mort ni de la dédaigner, mais de l'attendre comme un événement. » (Marc- Aurèle, Pensées, IX, (traduit du latin). [...]
[...] Les rois du NM sont dignes du titre de roi. « Ne trouvant point après cette victoire tout l'or qu'ils s'étaient promis, quand ils eurent tout remué et tout fouillé » : même bassesse et vénalité des conquistadors, qui sont animalisés par ces verbes en doublet synonymique, puis plus loin par la formule : « ils en vinrent enfin à telle rage que », « Ils condamnèrent le Roi même et l'un des principaux seigneurs de sa cour à la gêne en présence l'un de l'autre. » : cette fois, c'est à la torture que le roi est condamné, et non à la mort. [...]
[...] Montaigne ne représente pas leur fuite, mais il la rend encore plus ridicule en la suggérant dans le moment même où il en fait l'ellipse. Juste après les menaces des Indiens, Montaigne propose une démonstration implicite de leur lâcheté, que l'on peut déduire des faits eux-mêmes, à défaut d'en avoir le témoignage par leurs propres récits « Mais tant il y a que ni en ce lieu-là, ni en plusieurs autres, où les Espagnols ne trouvèrent les marchandises qu'ils cherchaient, ils ne firent arrêt ni entreprise, quelque autre commodité qu'il y eût, témoin mes Cannibales. » La conclusion de l'anecdote est à la fois éludée et mieux mise en valeur. [...]
[...] La réplique des Espagnols est pleine d'hypocrisie, et de mauvaises intentions plus ou moins dissimulées derrière des mots techniques (principautés, tributaires) des grands principes (la foi en un seul Dieu) et des menaces. La réplique des Indiens, au contraire, se caractérise par sa franchise et sa simplicité. Les deux discours constituent deux portraits (figure de style qui consiste à peindre des personnages en peignant aussi leurs mœurs et leurs passions) qui incarnent l'opposition entre ces deux peuples aux yeux de Montaigne : la noblesse et la sagesse des Indiens s'affirment face à l'outrecuidance et aux mauvaises intentions des conquérants. Le texte se conclut sur la reconnaissance railleuse de l'échec des conquistadores. [...]
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