L'errance et le parcours initiatique dans "Voyage au bout de la nuit" de Céline

Résumé du document

Dans la thématique de l'errance et du parcours initiatique de personnage-narrateur Bardamu dans Voyage au bout de la nuit, le passage de la mort de Robinson fait office d'ultime étape dans le cheminement du héros sans but ni fin. C'est un événement aux multiples aspects, annoncé quelques pages avant par le narrateur et dont les signes prémonitoires sont très précisément évoqués avec toute la scène de dispute entre Madelon et Robinson s'achevant par les 3 coups de revolver que Madelon tire sur son amant.

Évènement qui clôture le roman, c'est à la fois le dernier rebondissement dans l'intrigue d'un point de vue traditionnellement romanesque mais aussi l'apogée de l'expression de l'absurdité pessimiste de Céline dans le roman, constituant une dernière initiation et concluant ce voyage par l'éternelle et complexe désillusion exprimée par la voix singulière du narrateur personnage dans un langage vain. Quelle est la portée romanesque et symbolique de la mort de Robinson et quel ton donne-t-elle à l'épilogue du roman ?

Extraits

[...] Puis le narrateur personnage décrit la scène présente : il geignait mais il mêle toujours a sa description ses impressions personnelles, métaphores, termes et images qui lui sont propres : que c'était comme s'il avait pleuré avec toute sa figure c'était comme une espèce de calme Bardamu s'attache clairement à exprimer le lien entre le mourant et lui à cet instant, il devait chercher un autre Ferdinand, bien plus grand que moi Il s'agit donc d'emblée, une fois de plus, d'un passage qui s'inscrit dans le projet du roman de raconter un cheminement personnel et de livrer par l'intermédiaire du je une initiation propre. Cette voix singulière fait voir au lecteur une vision de la mort, à l'image du roman, crue et déstabilisante. Une sensibilité morbide est donnée à voir au lecteur par l'usage de termes médicaux et anatomiques, hémorragie interne péritonite péritoine artères Lorsque Bardamu s'imagine être a la place du mourant, il ya comme une sorte de rationalisation froide qui s'opère uniquement sur le critère de la rapidité de la douleur: On se remplit le péritoine et on n'en parle plus. [...]

[...] La solitude et le silence amenés par la fin Dans la thématique de l'errance et du parcours initiatique de personnage- narrateur Bardamu dans Voyage au bout de la nuit, le passage de la mort de Robinson fait office d'ultime étape dans le cheminement du héros sans but ni fin. C'est un événement aux multiples aspects, annoncé quelques pages avant par le narrateur et dont les signes prémonitoires sont très précisément évoqués avec toute la scène de dispute entre Madelon et Robinson s'achevant par les 3 coups de revolver que Madelon tire sur son amant . [...]

[...] L'errance et le parcours initiatique dans Voyage au bout de la nuit de Céline Plan I. La mort de Robinson: l'étape finale dans l'apprentissage 1. Vision subjective de la mort 2. La violence du langage: Robinson, la figure grotesque 3. Lâcheté et compassion du narrateur II. [...]

[...] La prise de conscience de cette impuissance et de cette bassesse fait de Bardamu une sorte d'égal au mourant. Ces sentiments sont exprimés par le narrateur-personnage non pas comme assumés mais comme tristement décevants par rapport à ce qui devrait être. Bardamu se projette encore dans l'esprit de Robinson: Il devait chercher un autre Ferdinand, bien plus grand que moi pour saisir le caractère fictif de ces valeurs désintéressées que sont la compassion et la bravoure, dites par lui comme l'amour de la vie des autres la grande idée humaine montrées comme illusoires et impossibles. [...]

[...] C'est encore ici par la pénétration dans la conscience subjective du narrateur que le lecteur perçoit l'événement. Le refus de toute tentative de perception des choses en soi fait que tout le passage racontant la mort de Robinson n'est en réalité que la narration du rapport de Bardamu avec la mort de Robinson, c'est la vision de la mort par Bardamu et ce qui en découle pour lui dans une relation entre les deux qui ne s'intéressent qu'à la façon dont Bardamu perçoit cet événement. [...]