Erec et Enide, vers 2380-2579, Chrétien de Troyes, idéal chevaleresque, reconquête de l’amour, Erec
Il y a une série de victoires remportées face à des ennemis toujours plus dangereux après la rencontre d'Enide avec qui il s'est marié au cours de noces fastueuses. Le jeune couple a donc rejoint le royaume du père, c'est une période de fusion des corps, mais simultanément d'abandon des armes, qui vaut à Erec l'accusation de « récréantise ».
[...] C'est le débat qu'engage ici Chrétien de Troyes. I. Récréantise et oubli des exigences de l'idéal chevaleresque La désolation des barons Le caractère collectif du blâme du comportement d'Erec le rend d'autant plus intensif qu'il est prononcé par des pères. Construction sublemative aux vers 2459-2461 qui souligne à elle seule l'influence qu'exerce sur les personnages cette commune réprobation des nobles. Simultanément, elle révèle l'importance de la reconnaissance de la valeur chevaleresque par l'ensemble de la caste des chevaliers (v. 2455) Le désespoir d'Enide Renforcement de l'expression de cette désolation, poussée à son paroxysme car elle atteint cette fois le couple à son cœur alors que quelques vers auparavant ce couple faisait l'admiration de toute la cour. [...]
[...] 2394-2396) mais aussi sa dame (v. 2398-2400) Mais cela peut se retourner contre le protagoniste : la parole confirme la valeur éminente d'Enide, mais cette même parole cèle la déchéance d'Erec et la rumeur qui compromet Erec se mue en une véritable parole accusatrice dans la bouche de sa propre épouse. Or on a ici le motif de la parole contrariée, comme si à la source du départ en aventure on avait la parole reconnue (v. 2530) qu'Erec apparente à un mensonge (v. [...]
[...] C'est le moyen d'assurer sa renommée et, aux vers 2540-2544, Enide y fait référence) En somme, la récréantise consiste en l'immobilisation du héros La relation amoureuse prive le héros des différents moteurs de m'aventure chevaleresque, à savoir le défi (tournois), le don et les coutumes contraignantes. C'est l'errance et non l'immobilisme qui forge la valeur de héros. D'ailleurs, l'histoire du terme aventure qui apparait si fréquemment est éloquente : adventura est ce qui doit arriver donc c'est un événement attendu ou encore une action extraordinaire. [...]
[...] Récréantise et rappel des exigences de l'idéal chevaleresque Cet idéal est d'ordre romanesque La perfection caractérise le couple éponyme. La seule vue du jeune roi comble d'ailleurs d'aise l'ensemble de la cour (v. 2394-2397, qui à valeur impersonnelle) et la beauté d'Enide fait elle aussi l'effet d'un nouveau développement. Chrétien de Troyes sait qu'il fournit ici un topos. Les comparaisons hyperboliques avec la gemme et la rose (v. 2406-2408) constituent eux aussi des topoi + évocation topique au vers 2410 de l'unicité de cette femme. [...]
[...] 2434-2438, 2442-2445) Mais le narrateur en souligne aussi les défauts (v. 2364). C'est comme si les futurs mariés en étaient restés au même stade de leur relation qu'à ses débuts (v. 1482-1494) C'est dire que cette conception du mariage exclu de fait la prouesse chevaleresque, compromet la renommée du chevalier et la vie même du couple. Nouveau départ en aventure et conjointure du roman Ainsi conçue, ainsi vécue, la relation amoureuse mène à une impasse et coronnellement à une crise salutaire. [...]
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