Dans L'Épreuve, qu'il publie en 1740, Marivaux présente deux jeunes gens de bonne famille perdus sur les chemins tortueux de l'amour, où se mêlent les plus nobles aspirations et les sentiments les plus vils ; Lucidor, pour s'assurer de la candeur des sentiments d'Angélique, va la soumettre à cette cruelle Épreuve, qui les mènera aux plus douloureux déchirements, et où chacun risquera de perdre l'être aimé.
La pièce s'ouvre sur le dialogue au cours duquel Lucidor expose son odieux stratagème à Frontin, son valet, déguisé pour l'occasion en jeune noble.
[...] répond Frontin au questionnement de son maître Tu ne fais donc que d'arriver ? - on remarque également la façon de s'adresser à son serviteur : Lucidor ne s'encombre pas de salamaleks pour celui qui vient d'arriver et va droit au but. Les nombreuses occurrences d'injonctions Écoute-moi ; Parle. ; Tais-toi ; Retire-toi . avec l'impératif, traduisent également cette volonté de domination de la part du maître. - Le titre de politesse est également usité Monsieur à trois reprises dans la scène. [...]
[...] La scène impose d'entrée une connivence avec le lecteur, qui se retrouve dans l'inquiétude de Frontin face à la froide conviction de Lucidor. L'intrigue - Pour autant, la scène laisse une grande part à l'intrigue, et au sortir de sa lecture il demeure une certaine incertitude. L'introduction in medias res y est pour beaucoup : le lecteur est plongé malgré lui directement dans l'action, avec l'arrivée de Frontin qui constitue le point de départ de la pièce : Entrons dans cette salle. [...]
[...] / Lucidor Me laisseras-tu dire ? semble s'impliquer beaucoup plus dans un deuxième temps, allant jusqu'à mettre en doute le stratagème auquel il doit prendre part. - Le ton et le niveau de langage sont également à observer : la gravité et la préciosité de Lucidor dans la présentation de son plan Écoute-moi donc, j'ai dessein de l'épouser moi-même. forment un contraste sensible avec la légèreté et la gaucherie avec laquelle Frontin semble aborder le problème Frontin (riant) Pour cette fille que vous aimez, la confidence est gaillarde, nous serons donc trois ; vous traitez cette affaire- ci comme une partie de piquet. [...]
[...] Cette prédiction, digne d'une grande tragédie, conclut la scène en une préfiguration, quasi prophétique, des profonds tourments où vont être menés les deux amants. [...]
[...] Le stratagème de Lucidor est donc contrarié par la bouffonnerie de son valet, dont l'attitude ne figure en rien un seigneur voir plus haut, le ton et le niveau de langage ainsi que par l'introduction d'un nouvel obstacle en la personne de Lisette : Ma foi, Monsieur, la friponne me reconnaîtra. - Il s'agit cependant d'une comédie, et à la fin de la scène le même Frontin ne semble plus douter de ses charmes Allons, je ressemblerai, voilà tout. et va jusqu'à taquiner son maître sur le terrain de la compétition : Ce n'était pas moi qu'il fallait employer. [...]
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