Commentaire de texte d'un extrait de l'<em>Entretien d'un philosophe avec la Maréchale de ***</em> de Diderot. L'exemple de la belle dévote : de "Mais, madame la maréchale, est-ce qu'il y a des chrétiens ?" à "Presque aucune, et tant mieux".
[...] Elle est belle, et quoiqu´elle soit très dévote, elle ne l´ignore pas ; elle a la peau très blanche, et quoiqu´elle n´attache pas un grand prix à ce frêle avantage, elle n´est pas fâchée qu´on en fasse l´éloge ; elle a la gorge aussi bien qu´il soit possible de l´avoir, et, quoiqu´elle soit très modeste, elle trouve bon qu´on s´en aperçoive. LA MARECHALE. - Pourvu qu´il ait qu´elle et son mari qui le sachent. DIDEROT. - Je crois que son mari le sait mieux qu´un autre ; mais pour une femme qui se pique de grand christianisme, cela ne suffit pas. Je lui dis : "N´est-il pas écrit dans l´Evangile que celui qui a convoité la femme de son prochain, a commis l´adultère dans son cœur LA MARECHALE. - Elle vous répondit que oui ? [...]
[...] Elle me répondit que c´était une chose d´usage ; comme si rien n´était plus d´usage que de s´appeler chrétien, et de ne l´être pas ; qu´il ne fallait pas se vêtir ridiculement, comme s´il y avait quelque comparaison à faire entre un misérable petit ridicule, sa damnation éternelle et celle de son prochain ; qu´elle se laissait habiller par sa couturière, comme s´il ne valait pas mieux changer de couturière que renoncer à sa religion; que c´était la fantaisie de son mari, comme si un époux était assez insensé d´exiger de sa femme l´oubli de la décence et de ses devoirs, et qu´une véritable chrétienne dût pousser l´obéissance pour un époux extravagant jusqu´au sacrifice de la volonté de son Dieu et au mépris des menaces de son rédempteur! LA MARECHALE. - Je savais d´avance toutes ces puérilités-là ; je vous les aurais peut-être dites comme votre voisine mais elle et moi nous aurions été toutes deux de mauvaise foi. Mais quel parti prit-elle d´après votre remontrance ? DIDEROT. - Le lendemain de cette conversation (c´était un jour de fête), je remontais chez moi, et ma dévote et belle voisine descendait de chez elle pour aller à la messe. LA MARECHALE. - Vêtue comme de coutume ? DIDEROT. [...]
[...] Diderot rapporte les propos échangés avec sa voisine au style direct : - Faites-vous cela ? Et cela donc ? Et cela encore ? - N'est-il pas écrit dans l'Evangile . - Et l'adultère commis dans le cœur - Et si l'homme est damné pour l'adultère mais aussi au style indirect : Elle me répondit que c'était une chose d'usage au mépris des menaces de son rédempteur L'emploi de ces deux discours permet une variation du rythme, un changement d'écriture qui rend le texte plaisant. [...]
[...] Diderot utilise le procédé de la mise en abyme du dialogue pour éviter l'abstraction et les généralisations abusives : il recourt en effet à un exemple destiné à illustrer l'écart entre les préceptes de la morale chrétienne et le comportement des croyants. L'anecdote de la belle voisine est-elle réelle ou inventée ? La jeune femme à qui Diderot s'adresse est le portrait de la Maréchale : cette jeune femme existe-t-elle vraiment ? N'est-elle pas un clin d'œil à la Maréchale même ? [...]
[...] Qu'un tel homme, en de telles circonstances, à une telle époque, ait prononcé de telles paroles, est pour les incroyants eux-mêmes l'espoir absolu et merveilleux de l'humanité. Heureux les vrais pauvres : ce 1er article demande aux chrétiens de renoncer aux biens matériels et de mettre leurs richesses en commun. Heureux les doux ! : Les doux sont ceux qui sont capables et de compassion. Heureux ceux qui pleurent : Etre capable de pleurer. Heureux ceux qui ont faim de justice : Reconnaissance de la justice divine. [...]
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