En 1983, Nathalie Sarraute, écrivain française du XXème siècle, publie <em>Enfance</em>, autobiographie saluée par la critique car considérée comme originale et novatrice. En effet Sarraute, anti-romancière et avant-gardiste, signe ici une oeuvre unique où le récit d'une enfance particulière se mêle à une réflexion sur le genre même de l'autobiographie, Sarraute remplit ainsi son rôle de rénovatrice des genres littéraires en même temps qu'elle fait revivre ses "tropismes" enfantins. On aperçoit déjà cette dualité dans l'écriture dès l'incipit, et qui accompagnera la trame du reste de l'ouvrage (...)
[...] En effet, en même temps que Natalie Sarraute clôt le récit de son enfance, elle finit de conduire sa réflexion. Elle explique d'abord la fin de son récit quand son double s'étonne de la brusque clôture de l'oeuvre : Pourquoi maintenant, tout d'un coup, quand tu n'as pas craint de venir jusqu'ici ? Sarraute répond alors d'un ton hésitant car elle ne peut justifier réellement ce choix si ce n'est par la fin de l'enfance en tant que période ; ce choix se base davantage sur ce qui semble être un sentiment avec la phrase c'est peut-être qu'il me semble que là s'arrête pour moi l'enfance . [...]
[...] mon lourd cartable neuf bourré de cahier neufs et de nouveaux livres, posé par terre entre mes jambes . le discours direct avec les paroles de sa belle-mère au contrôleur, ces éléments mettent en relief la scène en la mythifiant presque, comme si Natalie Sarraute laissait sur le quai son enfance. Sur le plan grammatical, on remarque l'utilisation du futur qui admet donc l'idée d'un renouveau ou d'une nouveauté : tu verras ça te changera changer verbe significatif). Ce dernier fragment contraste également avec le premier, l'incipit, où la narration montrait l'hésitation et le doute de l'auteur quant à l'écriture de ses souvenirs. [...]
[...] Pour finir, on sent l'impatience de l'enfant, grâce à l'expression de son excitation : enfin un matin très tôt où l'adverbe modalisateur enfin appuie son impatience, surtout placé en début de phrase ; c'est agaçant que le tramway s'attarde à chaque arrêt, qu'il ne roule pas plus vite . où le champ lexical de l'empressement et de la lenteur dominent. A la fin de la narration de ce souvenir, Natalie Sarraute dit finalement à son double qu'elle ne »entrainerai pas plus loin que c'est fini(t) Elle explique alors son choix par ses dernières réflexions. [...]
[...] On aperçoit déjà cette dualité dans l'écriture dès l'incipit, et qui accompagnera la trame du reste de l'ouvrage. Le dernier des fragments »met fin à la fois au récit et à la réflexion. Le lecteur se voit donc proposé simultanément la fin de l'histoire de l'enfance de Natalie Sarraute (en tant que période) et celle de sa réflexion en tant qu'écrivaine et adulte, alors que l'enfant-Sarraute voit se terminer ses vacances d'été en Isère et voit se profiler sa rentrée au lycée. [...]
[...] Conclusion Le dernier fragment d'Enfance de Natalie Sarraute présente donc une double fin. Premièrement, celle du récit de la période de l'enfance avec un changement qui constitue un rituel de passage pour Sarraute-enfant, qui ferme les portes de l'enfance. Deuxièmement la fin de la réflexion de l'écrivaine et de l'adulte, par un sentiment de suffisance et le retour au doute après sur sa vie après une introspection portée par un questionnement sur l'écriture de soi et la vérité dans les souvenirs. [...]
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