Émile ou De l'éducation, La profession de foi du vicaire savoyard - Rousseau (1762) - Quelles sont les voies possibles données aux hommes pour recevoir le message divin ?

Thèmes abordés

Émile ou De l'éducation, La profession de foi du vicaire savoyard, Jean-Jacques Rousseau, religion, dieu, dogme, théologie

Résumé du document

L'extrait à l'étude est issu du Livre IV de l'Émile ou De l'éducation de Jean Jacques Rousseau, publié en 1762. La profession de foi du vicaire savoyard permet à l'auteur d'exposer et de défendre sa thèse sur la religion et les pratiques religieuses. Ce texte est un récit dans le récit, une mise en abîme, car les propos du vicaire sont rapportés dans une correspondance qu'Émile entretient avec un ami. Cela permet une mise à distance entre l'auteur et les propos tenus. Dans cet extrait, Rousseau défend la thèse selon laquelle les religions sont des systèmes humains avilissants qui éloignent l'homme du message véritable de Dieu. Instituées et régies socialement par les hommes, à travers la Révélation et les dogmes, elles sont un obstacle à la bonne foi. Par la voix du vicaire, pourtant homme d'Église, Rousseau interroge sur les voies possibles données aux hommes pour recevoir le message divin.

Extraits

[...] Émile ou De l'éducation, La profession de foi du vicaire savoyard - Rousseau (1762) - Quelles sont les voies possibles données aux hommes pour recevoir le message divin ? 1-Dégager la thèse et les étapes de l'argumentation du texte L'extrait à l'étude est issu du Livre IV de l'Emile ou De l'éducation de Jean Jacques Rousseau, publié en 1762. La profession de foi du vicaire savoyard permet à l'auteur d'exposer et de défendre sa thèse sur la religion et les pratiques religieuses. [...]

[...] Finalement chez Rousseau Dieu est accessible à l'homme grâce à la nature, sa raison et sa conscience. La Révélation n'est pas dans les textes sacrés mais en chaque homme doué de conscience et qui sait observer la nature. expliquer « Leurs révélations ne font que dégrader Dieu, en lui donnant les passions humaines ». La Révélation est, dans les trois religions monothéistes, la façon dont Dieu se révèle aux hommes. L'usage du pluriel ici montre que le discours de Rousseau couvre toutes les religions sans distinctions mais aussi les trois textes sacrés qui témoignent de ces révélations : le Bible, le Coran et la Torah. [...]

[...] Quant aux passions humaines elles qualifient les émotions qui sont souvent un obstacle à la raison. La théologie et la philosophie se rejoignent pour témoigner du caractère irraisonné et extrême de la passion. La passion domine l'homme, elle s'appuie sur l'instinct et la violence des sentiments, elle est donc dangereuse. Un homme passionné est un homme sous emprise de ses émotions et hors du contrôle de sa raison. De nombreux versets bibliques illustrent un dieu soumis à la colère et à la violence qui s'exprime à travers les hommes. [...]

[...] Sortis de toute raison, les dogmes conduisent à des pratiques obscurantistes. Enfin la troisième partie du texte est construite telle une démonstration scientifique. La construction de l'argumentation se rapproche d'un syllogisme dont les prémisses sont les suivantes : Dieu m'a doté de raison pour le connaître. Tous les hommes sont dotés de la même raison que la mienne. La conclusion de ces prémisses est donc qu'aucun homme ne peut prétendre m'apporter plus que ma raison dans la connaissance de Dieu. [...]

[...] La connaissance de Dieu passe par la conscience humaine, elle se fonde sur cette capacité intrinsèque de l'individu de distinguer le bien du mal, c'est en cela qu'on peut affirmer que Rousseau nous donne à voir une conception humaniste de la religion. La seconde partie de la phrase « il n'y aurait qu'une religion sur la Terre » repose sur le sous-entendu qu'un Dieu unique ne peut être révélé que par un culte unique. La pluralité des dogmes et des religions constitue un argument en faveur de la thèse selon laquelle elles sont le fruit des hommes et non pas celui de Dieu car la pluralité divise. Elles pervertissent et détournent les hommes du bien. [...]