Commentaire composé sur l'Acte I Scène 2 de la pièce de théâtre Electre de Giraudoux.
[...] Celle-ci se compose en réalité d'un double dialogue : entre le président et Agathe d'un côté ; et, de l'autre, l'étranger et le jardinier. Le dialogue entre les époux Théocathoclès confère au passage un air de comédie bourgeoise. L'entretien avec l'étranger achève de camper le personnage d'Electre. Texte étudié : LE PRESIDENT. Tu as tout à craindre, c'est le type de la femme à histoires. AGATHE. Et s'il ne s'agissait que de toi ! Notre famille a tout à craindre ! LE JARDINIER. [...]
[...] Je la connais, Electre ! Admettons qu'elle soit ce que tu dis, la justice, la générosité, le devoir. Mais c'est avec la justice, la générosité, le devoir, et non avec l'égoïsme et la facilité, que l'on ruine l'Etat, l'individu et les meilleures familles. AGATHE. Absolument. Pourquoi, chéri ? Tu me l'as dit, j'ai oublié ! LE PRESIDENT. Parce que ces trois vertus comportent le seul élément vraiment fatal à l'humanité, l'acharnement. Le bonheur n'a jamais été le lot de ceux qui s'acharnent. [...]
[...] Tu me l'as dit, j'ai oublié Elle approuve sans savoir pourquoi ? C'est une écervelée. B. Un magistrat dérisoire Déconsidéré comme mari, le président l'est aussi comme magistrat. C'est un pédant, parlant doctement et avec de grands mots. Habitué à s'exprimer en public, il possède un art certain de la formule, mais ces formules sont sentencieuses et creuses : "tout à plutôt tendance à s'arranger dans la vie", "on ruine l'Etat, l'individu et les meilleurs familles". Ce représentant de la justice officielle est en outre une caricature de juge. [...]
[...] Ne m'interromps pas, chérie, surtout pour dire la même chose. Elle peut être très agréable. Tout a plutôt tendance à s'arranger dans la vie. La peine morale s'y cicatrise autrement vite que l'ulcère, et le deuil que l'orgelet. Mais prends au hasard deux groupes d'humains : chacun contient le même dosage de crime, de mensonge, de vice ou d'adultère. AGATHE. C'est un bien gros mot, " adultère chéri. En partenariat avec www.bacfrancais.com LE PRESIDENT. Ne m'interromps pas, surtout pour me contredire. [...]
[...] Tais-toi, Agathe. Une conscience ! Croyez-vous ! Si les coupables n'oublient pas leurs fautes, si les vaincus n'oublient pas leurs défaites, les vainqueurs leurs victoires, s'il y a des malédictions, des brouilles, des haines, la faute n'en revient pas à la conscience de l'humanité, qui est toute propension vers le compromis et l'oubli, mais à dix ou quinze femmes à histoires ! L'ETRANGER. Je suis bien de votre avis. Dix ou quinze femmes à histoires ont sauvé le monde de l'égoïsme. [...]
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