Commentaire composé sur Pater Noster, poème de Jacques Prévert.
[...] Le mètre est variable, tantôt très court syllabes), tantôt long (13 syllabes), le plus souvent intermédiaire (de 6 à 9 syllabes). L'impair domine, mais l'alexandrin n'est pas absent et 31). Le changement de mètre n'est pas totalement arbitraire, il peut permettre un effet de ryhtme quand deux vers de longueur identique se succèdent ; 10/11 ; 17/18 ; 25/26, soit six hexasyllabes sur 32 vers, 29/30). A plusieurs reprises, une expression brève est détachée en position isolée pour souligner une rupture dans le sens et dans l'allure visuelle du poème : Notre père qui êtes aux cieux Restez-y On note le même effet aux vers 16 ou 19. [...]
[...] De toute façon, quels sont ces mystères ? Ce n'est pas la comparaison blasphématoire de la Trinité, leur fantaisiste localisation géographique (les mystères de Paris qui nous éclairent et justifient qu'on en fasse un motif de fierté d'être sur terre. Les qualités de ces merveilles Les qualités que le poète apprécie dans ces merveilles ne sont d'ailleurs pas celles qu'on attendrait : nobles réalisations humaines, traces du génie de l'homme ou encore mieux signes éclatants de la grandeur du Créateur. [...]
[...] L'admiration l'emporte sur la condamnation, l'optimisme sur la révolte. Si le poète donne un peu brutalement congé à Dieu, c'est précisément parce qu'il estime que l'étendue du mal sur la terre, qui témoigne de l'imperfection divine, ne justifie pas le détour métaphysique. [...]
[...] Le tableau du monde présenté par Prévert est loin d'être totalement rose. Mais les imperfections sont acceptées, rapatriées dans le camp de l'humain et non déléguées au crédit de quelques forces maléfiques qui réintroduiraient, négativement, la transcendance. Si salut il doit y avoir, c'est à l'homme seul de l'assurer. Cette parodie de prière adressée à un Notre Père refusé, est exactement une anti-prière puisqu'il est surtout demandé au destinataire, Dieu, de ne rien faire, de ne pas intervenir, de ne pas se mêler des affaires des humains. [...]
[...] Conclusion Les deux faces de Prévert apparaissent assez bien dans ce poème Pater noster D'une part l'impitoyable profondeur (avec le sourire) des errements contemporains, l'opposant à toute contrainte (la religion, l'autorité, l'âge, les valeurs bourgeoises). D'autre part, le poète ébloui, qui ouvre des yeux émerveillés sur le monde pour s'apercevoir qu'il n'est pas toujours bien reluisant, mais qu'il renferme aussi quelques beautés remarquables ou anodines, le poète enfant qui, saluant l'oiseau, salue à travers lui les bonheurs de l'existence et le spectacle de la réalité. [...]
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