Dans Le Pâtre et le Lion, première fable du livre VI (1668), La Fontaine écrit :
« Une morale nue apporte de l'ennui :
Le conte fait passer le précepte avec lui. »
Mais l'ennui est-il l'élément dont il faille se soucier, et la clarté n'est-elle pas plus importante ? Ainsi, l'essai n'est-il pas plus efficace que l'apologue ? Pour répondre à cette question, nous commencerons par étudier l'essai, avec son raisonnement organisé et convaincant, pour ensuite en analyser les défauts en le comparant à l'apologue, plus persuasif.
Un texte structuré est le meilleur moyen pour diriger le lecteur à une conclusion. Cette conclusion, dans un essai, c'est la pensée personnelle de l'auteur, à laquelle il tente de nous faire adhérer. Les arguments sont toujours clairement exprimés, puis expliqués : l'essayiste en appelle donc à la raison de son lecteur. Ce genre littéraire n'avait pas cette rigueur au XVIème siècle, lorsque Montaigne l'innove dans ses Essais. Là, il s'agit plus de faire progresser sa propre pensée par le biais de l'écriture. En revanche, il évolue en XXème siècle où l'essayiste défend une thèse donnée et bien plus précise.
L'essayiste emprunte souvent plusieurs points de vue afin d'expliquer au mieux sa thèse, ce qui apporte une vue plus diversifiée, bien qu'elle reste subjective, au lecteur. Par exemple, dans l'Essai sur les révolutions publié en 1797, Chateaubriand, dans la seconde partie du chapitre VIII, passe par le point de vue de ceux qu'il accuse - en l'occurrence les aristocrates des pays étrangers - pour mieux défendre sa cause.
Mais l'essai reste finalement un genre très autobiographique. L'auteur, qui choisit évidemment un thème qui le concerne directement, est souvent impliqué dans son texte, ce qui le rend plus fort encore, et double la pure argumentation (...)
[...] Ainsi, l'essai n'est-il pas plus efficace que l'apologue ? Pour répondre à cette question, nous commencerons par étudier l'essai, avec son raisonnement organisé et convaincant, pour ensuite en analyser les défauts en le comparant à l'apologue, plus persuasif. Un texte structuré est le meilleur moyen pour diriger le lecteur à une conclusion. Cette conclusion, dans un essai, c'est la pensée personnelle de l'auteur, à laquelle il tente de nous faire adhérer. Les arguments sont toujours clairement exprimés, puis expliqués : l'essayiste en appelle donc à la raison de son lecteur. [...]
[...] Ces textes traitent pourtant de sujets tout à fait différents. L'argumentation par l'apologue grâce à ses nombreuses formes telles que la fable (par exemple Les Fables de Jean de La Fontaine, 1668-1678), l'utopie (avec Utopia de Thomas More, 1516), ou le conte et le conte philosophique (les contes de Perrault et les contes de Voltaire par exemple) déploie ainsi une plus grande efficacité que l'essai. Dans sa dédicace du second tome de ses Fables à Madame de Montespan, La Fontaine dit de l'apologue qu'« il rend l'âme attentive, Ou plutôt il la tient captive, Nous attachant à des récits Qui mènent à son gré les cœurs et les esprits. [...]
[...] Le lecteur, aussi ignorant et naïf que Candide au début du conte, en sort plus instruit et conscient de la philosophie de l'auteur. Convaincre à l'appui de solides arguments est donc efficace, mais faire passer les enseignements à travers le divertissement est toujours plus fort. Dans la préface de son Mariage de Figaro, Beaumarchais disait La fable est une comédie légère, et toute comédie n'est qu'un long apologue. L'apologue pourrait-il ainsi s'étendre au-delà des formes qu'il prend habituellement, et s'appliquer également au théâtre, voire à d'autres genres ? [...]
[...] En effet, il a pour caractéristique première de divertir, en instruisant. Il est donc bien plus attrayant, et souvent plus simple à lire que l'essai. On peut par exemple citer Le Meilleur des mondes de Huxley, publié en 1932, ou 1984 de Gorge Orwell, publié en 1949, qui en apparence nous placent dans un monde de science fiction, sont en réalité de violentes contre-utopies. Elles dénoncent ce qui pourrait nous attendre plus subtilement que si tous ces dangers étaient simplement listés. [...]
[...] Mais l'essai reste finalement un genre très autobiographique. L'auteur, qui choisit évidemment un thème qui le concerne directement, est souvent impliqué dans son texte, ce qui le rend plus fort encore, et double la pure argumentation. Ainsi, Simone de Beauvoir dans Le Deuxième Sexe (1949), évoque la place inférieure que la femme a prise par rapport aux hommes, qui est apparemment naturelle idée qu'elle juge scandaleuse. Le besoin particulier lors de la Seconde Guerre Mondiale de femmes remplaçant les hommes au travail a touché directement l'essayiste qui prend donc la plume pour défendre les valeurs de la femme. [...]
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