L'Éducation sentimentale, Flaubert, roman, révolution de 1848, mythologie, classe sociale, politique, condition humaine
Le premier chapitre de la troisième partie s'ouvre sur le réveil de Frédéric au son d'une fusillade qui annonce les émeutes de février 1848. Curieux, Frédéric suit les révolutionnaires afin d'observer les événements, et il rejoint par hasard Hussonet au coeur du pillage de Tuileries. Alors que nous suivons Frédéric et Hussonnet, amusés, évoluer au coeur d'une scène d'insurrection populaire, Flaubert prend le contre-pied des représentations optimistes du peuple, souvent considéré à l'époque par les historiens républicains comme une nouvelle force prometteuse ; dans l'extrait étudié, il ne lui reconnaît ni efficacité politique ni grandeur morale.
[...] ("chapeaux à plumes d'autruche" et "forgeron", les "rubans de la Légion d'honneur" et "prostituées") La toute dernière phrase de l'extrait étudié cumule les scènes anecdotiques et triviales dans un procédé d'hypotypose (une femme "lustre ses bandeaux", deux hommes jouent aux cartes, et un homme fume sur un balcon) qui traduit l'agitation festive et annihile la gravité historique, réduisent cet épisode à une fête. L'élan révolutionnaire est un échec ; le collectif s'efface au profit de sa satisfaction individuelle et festive. II. [...]
[...] Le vaisseau de l'État condamné à dériver En réalité, les aspirations politiques et sociales portées par l'émeute étaient condamnées à échouer ; la métaphore maritime, qui semble donner une force et une puissance à l'élan révolutionnaire, sert en réalité à les vider de toute possibilité d'action. Alors que Frédéric et Hussonnet sont penchés sur une "rampe" de bateau, ils observent une mer déchaînée. Les Tuileries deviennent un navire, "vaisseau de l'État", ballotté par une tempête où personne n'a de pouvoir d'action. [...]
[...] L'Éducation sentimentale, Partie Chapitre 1 - Flaubert (1869) - Comment Flaubert dresse-t-il le tableau d'un mythe historique, le conduisant à tourner cette même scène en farce carnavalesque et désenchantée ? "Je crois que la foule, le nombre, le troupeau sera toujours haïssable", écrit Flaubert dans une correspondance adressée à George Sand. Si Flaubert fait référence, dans cette lettre du 8 septembre 1871, à la commune de Paris, son opinion des masses populaires en tant que force politique n'a pas évolué depuis les événements révolutionnaires de 1848. [...]
[...] Le mythe démocratique, moqué et tourné en dérision, révèle une humanité incapable de dépasser ses instincts primaires - destruction, fête, individualisme. L'émeute, bien que symboliquement puissante, est vouée à l'échec, car elle repose sur une énergie brute et désordonnée plutôt que sur une vision structurée ou une volonté commune. Ainsi, l'élan révolutionnaire devient métaphore de la folie universelle, condamnant tout espoir de changement véritable. Afin de poursuivre cette étude, il serait intéressant de se pencher sur d'autres scènes d'insurrections populaires dans la littérature, par exemple celle des barricades réalisées par Victor Hugo dans les Misérables. [...]
[...] Nous nous demanderons, par conséquent, comment Flaubert dans ce texte dresse le tableau d'un mythe historique, le conduisant à tourner cette même scène en farce carnavalesque et désenchantée. Nous observerons, dans un premier temps, la mise en scène d'une montée dramatique de l'événement révolutionnaire qui se solde en un échec carnavalesque, au profit d'un portrait désenchanté de la condition humaine. I. La mise en scène d'une montée dramatique de l'événement révolutionnaire, qui se solde en échec carnavalesque A. Un crescendo sonore et visuel Dans l'extrait, le narrateur externe suit Frédéric et Hussonnet, témoin passif ("poussés malgré eux") de la prise des Tuileries de 1848. [...]
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