Avec la deuxième version de "L'Education sentimentale", publiée en 1869, Flaubert nous livre un véritable témoignage sur la jeunesse des années 1840, en mettant en scène ses illusions et ses échecs. Cet auteur appartient à une génération charnière, déchirée entre un romantisme incurable, qui agonise en même temps que la révolution de 1848, et le désir de libérer la littérature du « culte du moi ».
Notre extrait s'ouvre donc sur un univers de paradis. Frédéric se lie avec une coquette mondaine, Rosanette Bron et s'isole à Fontainebleau avec elle. Les deux amants se retrouvent comme seuls au monde dans une auberge de campagne. C'est une scène essentielle qui montre que Frédéric a envie d'abandonner Paris et qu'il rompt totalement avec l'histoire de son temps.
[...] On ne peut pas le prendre au sérieux quand on a suivi ses errances au gré des courants et des gens qu'il fréquente. Il n'est donc pas vraiment l'incarnation de l'homme fidèle à ses engagements et à ses idéaux. Il aurait pu ne jamais s'intéresser à cette révolution et à la politique, mais ici, il affiche un cruel mépris face aux choses qui faisaient sa vie il y a peu de temps Ah ! Tiens ! L'émeute ! Disait Frédéric avec une pitié dédaigneuse Il semble se sentir au dessus de tout ce qu'il appelle à présent, de manière assez péjorative : agitation Frédéric, malgré le fait qu'il soit le personnage principal du roman, ne va jamais se distinguer par sa grandeur d'âme ou par son courage comme un héros traditionnel. [...]
[...] Conclusion Avec Flaubert, l'école du désenchantement met en relief l'inutilité de toutes les tentatives des personnages pour s'affirmer dans cette société en décomposition. Ils essayent en vain de se retrouver eux-mêmes en tentant de récréer une réalité qui leur correspond mieux. C'est donc en posant sur l'histoire un regard désabusé, qui nie la consistance des évènements, que Flaubert évoque le néant de cette société bourgeoise. [...]
[...] Rien des graves évènements qui ensanglantent Paris ne filtre jusqu'aux deux amants, plongés dans une ivresse tranquille : avec tout au loin des roulements de tambour Quand les deux amants sont à l'auberge, on a l'impression qu'ils se sentent protégés de la réalité, l'auberge devient alors un refuge. Pourtant leur table est décrite comme étant près de la fenêtre et l'ouverture pourrait représenter le seul lien qui les rattache au réel. La table garnie représente le lieu de la communion entre Frédéric et Rosanette. On est ici dans un tableau familier de Flaubert. C'est une description d'une tablée campagnarde qui s'oppose complètement aux tableaux des diners mondains de Paris. [...]
[...] Frédéric, témoin passif, ne participe pas aux évènements tout comme Flaubert, car on sait que l'écrivain avait manqué ces fameuses journées de juin. C'est pourquoi il choisit de mettre l'histoire en cause en la mettant à distance et en recréant un monde aux couleurs romantiques. L'histoire comme toile de fond L'éducation sentimentale a fait passer Flaubert pour un historien du 19e pourtant l'entrée dans l'histoire dans le roman apparaît plus comme un prétexte à la fiction et permet à l'auteur, sous couvert du réalisme, de prendre plus de libertés. [...]
[...] La nature est donc, de ce fait, qualifiée d'éternelle, celle qui restera donc toujours fidèle à elle-même et en opposition à la révolution qui, malgré sont importance, est éphémère. Dans sa confiance en la nature indestructible et immortelle, Frédéric apparaît comme étant très proche du personnage romantique type. La nature devient protectrice et revêt alors les caractéristiques du mythe ou du merveilleux de l'ambiance des contes. L'atmosphère en demie teinte, la douceur le ciel bleu tendre favorisent une quiétude, un confort du corps et de l'esprit. [...]
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