L'Education sentimentale - Gustave Flaubert (1862) : Le temps et récit

Thèmes abordés

L'Education sentimentale, Gustave Flaubert 1862, temps et récit, Nadia Fartas, temporalité, intrigue politique, intrigue amoureuse, infini du temps, Emile Zola, procédé d'écriture, identité narrative

Résumé du document

Dans son "Dictionnaire des idées reçues", Flaubert définit le temps comme un "éternel sujet de conversation" et ajoute qu'il faut "toujours s'en plaindre". Ce simple constat nous rappelle d'une part que nos sujets de discussion tournent toujours autour du passé, du présent ou du futur, et d'autre part que l'être humain n'a absolument aucune maîtrise sur le temps, ce qui justifierait nos plaintes. "Éternel sujet de conversation", il l'est également par son caractère mystérieux et insaisissable.

Les notions de "temps" et de "récit" semblent intimement liées, au regard de leur définition : en effet, on appelle "récit" tout texte racontant une histoire, c'est-à-dire un enchaînement d'événements fictifs ou réels, tandis que le "temps ", notion au caractère polymorphe, peut désigner à la fois le milieu dans lequel se situent les êtres et les choses, la forme par laquelle le verbe situe l'action dans la durée ou encore la période associée à des événements ponctuels (le temps comme époque).

Extraits

[...] Nombreux événements politiques associés à cette période. + = histoire contemporaine de Flaubert : risque de s'attirer les foudres du peuple si = erreurs sur le plan historique. - Récit qui fourmille de détails historiques qui sont encore familiers pour le lecteur contemporain de Flaubert : - CF L'ES P411 : Deslauriers écrit « La poire est mûre ». Contexte politique car Louis-Philippe est très souvent caricaturé en poire. Signifie que la poire va tomber, Louis-Philippe va perdre le pouvoir. [...]

[...] Notre dernier axe de réflexion nous conduira à envisager une véritable primauté du temps sur le récit. La temporalité du récit Dans son essai La temporalité du récit, Gérard Genette organise cette dernière en trois phases : l'ordre, la vitesse et la fréquence. Nous suivrons donc ces trois phases afin de définir la temporalité de L'ES. L'ordre du récit ( L'ES = récit linéaire, mis à part 3 retours en arrière : - Chap 2 : enfance Fred et Deslauriers - Chap 3 : passé politique de Dambreuse (p66) - Chap 7 : épisode de la Turque (analepse externe : nous renvoie avant le début du roman) ( Malgré le fait que nous n'avons que trois analepses dans ce récit et que le reste de la narration est linéaire, Julien Gracq affirme que « le temps de Flaubert dans L'ES est tout entier celui du cheminement rétrospectif ». [...]

[...] Laisse filer bcp d'années tout en les ramassant. = le temps de l'instant qui jaillit sur fond d'imparfait. Jean-Pierre Duquette, « Structure de L'ES » : III : « les 2 pers. résument les 29 ans de durée du roman et remontent même plus loin jusqu'à leurs années de collège, mais lorsque ce procédé pourrait nous donner une impression de maîtrise, d'un roman fermé où le temps est dominé de l'extérieur, il n'en est rien : seule une phrase est achevée, cette « éducation » désolante, mais l'existence continue, un peu plus désenchantée après les illusions perdues. [...]

[...] ( L'on peut donc constater que Flaubert varie la fréquence narrative en nous proposant les trois modes de fréquence possibles dans son roman. ( Les phénomènes de duplication, de reprise et d'écho rétrospectifs ou prospectifs troublent les repères temporels et narratifs au profit d'un mouvement de ressac mémoriel (Marie-Astrid Charlier, « Histoire, récit, mémoire dans L'ES »). L'écho et la résonance vont même jusqu'à se substituer, dans certains cas, au temps calendaire, càd à ce que Ricoeur appelait « le temps monumental » (Temps et récit, v2). [...]

[...] Finalement, pas de progrès grâce au temps. Conception du temps proposée par Flaubert = s'éloigne de la croyance romantique au progrès (ex : Quinet, Renan). = méfiant à l'égard de la pensée du progrès qui assigne un but, un sens à l'histoire. ( Zola bouleversé par la lecture de L'ES = car l'infirmité de Fréd = à celle de tout être humain : « Voyez ce lamentable Fréd, on histoire est la nôtre ( ) la plainte d'impuissance de cet homme crie dans chacun de mes os. [...]