Chloé est de plus en plus atteinte par la maladie ; elle vit entourée de fleurs et le professeur Mangemanche envisage l'opération. Colin, à court d'argent, a dû inciter Nicolas à rentrer au service des Ponteauzanne. Ayant dépensé toute sa fortune pour tâcher de guérir Chloé, il doit chercher du travail et se rend à un entretien d'embauche. En quoi cet extrait constitue-t-il une satire violente du monde du travail ?
Cette violence latente qui parcourt le texte se manifeste d'abord par la méfiance ambiante qui s'installe très vite dans la pièce. Le nombre de points de suspension répandus dans le dialogue semble retranscrire la tension qui occupe le passage. Les mouvements de recul successifs du directeur face à Colin (« il […] recula un peu son fauteuil » ; « il recula encore son fauteuil ») comme les nombreuses mentions de l'inquiétude du directeur et de sa défiance à l'égard de Colin l'illustrent également : « il avait l'air inquiet – n'approchez pas, dit-il rapidement » ; « il se pencha, méfiant, vers son bureau » ; « il continua de considérer Colin avec un regard soupçonneux » ; « son visage se rembrunit ». Le monde du travail apparaît ainsi comme marqué par une atmosphère malsaine, une violence continue.
[...] Le plus troublant dans ce raisonnement insensé, c'est qu'il aboutit à une vérité : Colin est bien un fainéant. Cette plongée dans l'illogisme se poursuit avec l'intervention abasourdi de Colin : C'est absolument illogique ; le lecteur pense alors que Colin est également sidéré par le caractère irrationnel du raisonnement de ses deux interlocuteurs, mais celui-ci va poursuivre sur le même mode absurde : parce que ce qu'il faut donner à un fainéant, c'est justement pas de travail. ; un fainéant étant incapable de faire quoi que ce soit, il ne faut rien lui donner à faire : c'est une logique totalement déconstruite et incohérente. [...]
[...] cria le directeur ; Déguerpis, clampin ! hurla-t-il ; Va-t'en ! criait le directeur et presque toujours par exclamatives vous les paierez ! ; Sûrement ! Il représente l'autorité tyrannique, dans ses injonctions agressives Ici, tout de suite comme dans le mépris qu'il affiche à l'égard des autres personnages, sensible dans ses rires ricana le directeur ; ce dernier éclata de rire à cette idée Enfin, les insultes qu'il profère à l'encontre de Colin marquent la violence de son agressivité Déguerpis, clampin ! [...]
[...] Le monde du travail est le lieu de l'irrationnel. Ainsi la logique qui semble se dégager dans les répliques du directeur au sous-directeur est un raisonnement par l'absurde sans cohérence : Vous vous asseyez par terre, peut-être, pour travailler, ricana le directeur mais vous ne devez pas travailler souvent, alors, renchérit le sous-directeur. je vais vous dire, dit le directeur, vous êtes un fainéant. voilà ! Un fainéant ! approuva le sous-directeur. Nous, conclut le directeur, ne pouvons en aucun cas engager un fainéant. [...]
[...] L'Ecume des jours, Chapitre 44, Boris Vian Chloé est de plus en plus atteinte par la maladie ; elle vit entourée de fleurs et le professeur Mangemanche envisage l'opération. Colin, à court d'argent, a dû inciter Nicolas à rentrer au service des Ponteauzanne. Ayant dépensé toute sa fortune pour tâcher de guérir Chloé, il doit chercher du travail et se rend à un entretien d'embauche. En quoi cet extrait constitue- t-il une satire violente du monde du travail ? Le monde du travail : un monde de violence A. [...]
[...] Cette satire parcourt l'œuvre, du voyage de noces à la critique du travail en usine. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture