L'écriture ou la vie, Semprun, autoportrait
Dans l'écriture biographique, l'autoportrait comme l'évocation de la naissance, est un morceau de bravoure puisque l'auteur se donne comme il se sait, se voit. On pourrait dire de l'incipit de L'écriture de la vie de Semprun qu'il cumule en un texte les deux gageures. En effet, dans ce roman écrit en 1994 Semprun se montre à sa renaissance, le texte s'ouvre, la rédaction commence le jour de la libération du camp dans lequel il se trouve, Buchenwald. L'extrait proposé, qui est l'incipit du roman, débute d'ailleurs in medias res et nous présente Semprun face à ses libérateurs. Ceux-ci semblent si épouvantés en le voyant que notre narrateur en est amené à se décrire physiquement afin de « voir » ce qui, en lui, peut tant impressionner les officiers présents.
[...] Un autoportrait témoignage Du corps à la vie aux camps Le regard de notre narrateur est avant tout celui d'un témoin, c'est à travers ce regard qu'il porte sur lui qu'il nous fait une exposition quasi historique de ce qu'est la vie dans les camps. Son autoportrait devient donc le lieu de la démonstration d'une réalité sociale. Jeune prisonnier au moment de la libération du camp de buchenwald, il est un témoin privilégié. Son témoignage est d'autant plus fort qu'il est inscrit dans son corps, dans son regard. [...]
[...] Dû à un regard rapide ou à un frôlement, il touche au puzzle, à l'inventaire, comme si Semprun recensait les « morceaux » de lui fiables er ceux qui le sont moins. Mais, chose rassurante, ce corps est présent et il est réel, ce qu'atteste le champs lexical : « mon corps » ; « ce corps » ; « la main » ; « une arcade sourcilière » ; « des pommettes » ; « le creux d'une joue » ; « mes cheveux ras » ; « ma tenue » ; « une défroque disparate » ; « des bottes russes » ; « une mitraillette », « ma maigreur » . [...]
[...] De ce fait, cette réécriture du portrait au miroir investit pleinement le lecteur et offre un pacte autobiographique original. Cette thématique du regard qui ouvre le roman, regard que l'on porte sur le narrateur mais aussi celui qu'il projette, est réinvestie à travers tout le roman, comme une sorte de fil conducteur qui guiderait l'écriture de Semprun, comme s'il en faisant partie intégrante. Les différents regards qui gravitent autour de lui sont alors les lieux de la prise de conscience d'une nouvelle identité qui se construit au fur et à mesure des rencontres faites et de leur impact sur le narrateur et l'écriture témoignerait de la construction-constitution de cette nouvelle identité. [...]
[...] On pourrait dire de l'incipit de L'écriture de la vie de Semprun qu'il cumule en un texte les deux gageures. En effet, dans ce roman écrit en 1994 Semprun se montre à sa renaissance, le texte s'ouvre, la rédaction commence le jour de la libération du camp dans lequel il se trouve, Buchenwald. L'extrait proposé, qui est l'incipit du roman, débute d'ailleurs in medias res et nous présente Semprun face à ses libérateurs. Ceux-ci semblent si épouvantés en le voyant que notre narrateur en est amené à se décrire physiquement afin de « voir » ce qui, en lui, peut tant impressionner les officiers présents. [...]
[...] Tout ceci assure, conforte le ton posé sur lequel est faite la narration. Un autoportrait mis en scène a)réactualisation du portrait Cet autoportrait est original puisque, s'il reprend le poncif de l'autoportrait au miroir, ce poncif est réactualisé. Dépourvu de miroir : « Nul miroir, à Buchenwald », Semprun doit recourir à un dérivatif pour se voir. Il s'observe à travers le regard des autres : « je me vois soudain dans ce regard d'effroi » ; « si leurs yeux sont un miroir ». [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture