« Ce que je dénoncerais dans la biographie, c'est le fait de ne pas dévoiler le véritable visage de l'homme qu'elle s'attache à décrire. La narration, aussi objective qu'elle prétende être, de la vie d'une personne est déjà empreinte de fiction, d'une reconstruction après-coup. »
(Tiré et adapté de l'entretien aux Facultés universitaires Saint-Louis du 10 décembre 2007)
C'est de ce constat que nous partirons : la biographie est illusoire car ne permet pas de rendre compte des secrets impalpables de l'homme . Une hypothèse primordiale pour un homme qui ramène sa vie souvent à l'anecdotique : le jour où Hitler aurait prévu l'invasion de la Belgique, l'auteur est né, ses parents auraient perdu la foi à sa naissance.
[...] naissance de Mertens et invasion de la Belgique, vie de Pierre Mertens/ Raymond et celle du roi Albert II et son fils Léopold III). Les personnages de Pierre Mertens doivent avant tout se remettre d'une cassure, d'une tragédie qui a immobilisé leur devenir. Gottfried Ben, Jaime Moralès, Léopold III, le héros de Perdre tour à tour rompus par l'adhérence au nazisme, le martyre, l'opprobre du peuple (et la perte de confiance en soi-même), la perte (de la femme, des convictions) sont des personnages souvent mal jugés et incompris, que l'auteur tente de réhabiliter (la comparaison ici aussi serait pertinente avec Louvet, qui réhabilite Julien Lahaut, figure de traître à la monarchie dans L'homme qui avait le soleil dans sa poche, et Piemme qui fait de même avec Henri De Man dans 1953). [...]
[...] L'écrivain accordant une importance indéniable au fait divers, associé à l' événement historique Cf. notre travail cité plus haut. [...]
[...] Mais surtout, relevons comme expérience fondatrice le renversement du vélo du jeune Mertens par la voiture royale. Il semblerait donc que Mertens soit d'emblée engagé, par le Hasard dans une Histoire et que, bon gré mal gré, il doive s'acquitter d'une certaine fonction. En tant que Belge d'abord, motivé par une identification symbolique avec Léopold III (il doit lui aussi se préoccuper de son peuple et comme juriste international, il ressent très fortement ce besoin de militer pour les droits de l'homme (Jaime Moralès, réfugié politique torturé au Chili et récupéré par un mouvement de jeunesse belge, ou à travers le témoignage de Paul Sanchotte, juriste international lui aussi, des problèmes palestiniens), reprenant surtout le thème de la violence et de la peur. [...]
[...] Terre d'asile, en l'occurrence (pp. 69-70, éd. Labor), met en place une comparaison intéressante avec le médecin, qui lui aussi essaie de guérir un malade de quelque chose L'écriture est donc avant tout une prise de risque un défi que se lance l'écrivain. Il s'agit de re-problématiser des thèmes souvent mis en marge de la société parce qu'ils nous échappent : la maladie (Perasma), la sexualité (Perdre), la torture (Terre d'asile) Mais il désire aussi mettre en évidence la situation historique du Belge, qui s'inscrit, qu'il le veuille et le reconnaisse ou non, dans une histoire collective (cela à l'instar de Louvet et de Piemme), notamment dans Une paix royale. [...]
[...] Bajomée dans Pierre Mertens l'Arpenteur, p. 75) que l'on ne retiendrait des personnages passionnants que ce qui ne retient pas l'attention (appréhender un sujet énorme par le petit bout de la lorgnette Mertens se définit ainsi par rapport à la polémique : l'écrivain doit empêcher la banalisation de phénomènes inquiétants en les donnant à voir cf. notre travail Une paix royale, fait divers, onomastique et épisode du vélo Il est frappant que, dans Terre d'asile, le nom du rédacteur du journal En mouvement (Pierre Augustin) se prête au même découpage qu'avec Pierre Raymond : prénom de l'écrivain + autre prénom (qui renvoie lui aussi à la royauté : auguste ! [...]
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