Jean Genet, "Captif Amoureux", incipit

Résumé du document

Un

Extraits

[...] Genet met en évidence les défauts de son texte, comme s'il ne pouvait y remédier. Ainsi, l'incise et je le dis mal et l'expression ou bien je le dis autrement ou encore le ou plutôt sont autant de signes de cette reformulation. Cela véhicule une impression d'oralité, comme si l'auteur n'avait pas la possibilité de corriger ses erreurs et de privilégier la lisibilité. Il laisse apparaître le cheminement de sa réflexion. Cette reformulation donne donc à voir les difficultés de l'auteur pour se faire comprendre. [...]

[...] L'incipit d'Un Captif Amoureux fait état de cet engagement, symbolisé par l'écriture. Le combat de l'écrivain pour la cause palestinienne se fait donc face aux mots, face à la signification du langage, face à son incapacité à rendre de manière intacte le réel de la révolution palestinienne. Quel rôle joue alors l'écriture ? Quel remède et quelle posture adopte l'auteur face à cette incapacité du langage ? Il faudra s'interroger, dans un premier temps, sur l'importance de cet incipit et du pacte de lecture qui se noue. [...]

[...] Le questionnement sur la réflexivité littéraire se transforme en un questionnement sur le contenu de la littérature et l'histoire comme ensemble d'événements s'enchaînant et s'inscrivant sur la page qu'est le silence. Ainsi, le silence haché par des mots et des phrases (44-45) est en fait la page blanche parcourue de signes noirs, de lettres formant des mots, de noir menaçant le blanc. Le terme haché est assez péjoratif. Il souligne la mutilation que fait subir l'écriture au support. A la ligne 13, on retrouve le verbe défigure qui insiste également sur cette idée de destruction par l'écriture, de dégradation esthétique. [...]

[...] C'est ce que met en évidence la première phrase. En effet, l'utilisation de l'article défini, qui fait passer des signes à les lettres, les mots, les virgules, les points d'exclamation associée à l'accumulation, montre qu'il s'agit d'une matière bien connue de l'écrivain. Cette familiarité souligne alors le paradoxe : elle montre par contraste le problème qu'a l'auteur pour rendre compte de la réalité, alors qu'il dispose théoriquement des outils pour le faire. Les références aux supports antiques, à savoir le parchemin et les tablettes de glaise sont peut être un moyen pour l'auteur d'inscrire le geste d'écriture dans une filiation. [...]

[...] Il offre alors une métamorphose profonde du pacte de lecture habituel : il ne faut plus chercher dans les signes, mais dans les intervalles, ce qui n'est pas dit. C'est un réalisme poétique, une sorte d'art poétique, qui est proposé. Certaines phrases, où des signes de ponctuation et des mots manquent, sont difficiles à comprendre. C'est le cas de la phrase qui va des lignes 5 à et qui se termine de manière abrupte, par des points de suspension Cependant à une sorte d'inquiétude dans l'esprit, [ . ] au flottement qui me fait hésiter à écrire . [...]