Écrire en pays dominé, Patrick Chamoiseau, Pierre-Monde, créolité, poétique du divers
« Comment écrire alors que ton imaginaire s'abreuve, du matin jusqu'aux rêves, à des images, des pensées, des valeurs qui ne sont pas les tiennes ? Comment écrire quand ce que tu es végète en dehors des élans qui déterminent ta vie ? Comment écrire, dominé ? » C'est sur ces questions harcelantes que s'ouvre Écrire en pays dominé, ouvrage autobiographique et essai théorique de Patrick Chamoiseau.
Relatant à la fois son parcours personnel d'écrivain, l'auteur narre les difficultés, les errements, les conditions qui mènent à la venue de l'écriture, de l"Ecrire", en passant par les poètes-doudou et les chantres de la négritude. La créolité menée par Glissant sera pour lui révélatrice d'une identité et d'une esthétique nouvelle, celle de l'unicité. C'est dans le mouvement de la troisième section de son essai que Chamoiseau présente cette dimension toute nouvelle de « Pierre-Monde » dont nous nous rapprocherons particulièrement à la page 313 et 314 de l'ouvrage. On peut se demander quel est l'enjeu de cette notion de « Pierre-Monde » dans la poétique de Chamoiseau. Ainsi si dans un premier temps elle est motif d'une révélation identitaire, elle semble également être le cadre dans lequel s'exerce avec verve une esthétique propre à Chamoiseau, le plaçant ainsi dans la lignée d'une poétique baroque.
[...] Ces énumération provoquent un certain "brouhaha" de la parole et du discours, tout comme l'évocation du "guerrier" au dernier paragraphe amené de la même manière que dans le chapitre précédant par "guerrier, parce que menant de ce fait des ponts discontinus entre les chapitres, un "ordre dans le desordre". Ce chaos apparent pourrait également être perçu comme un apport métapoétique puisque que l'auteur plus que de parler d'un "chaos- monde" l'illustre par son esthétique même. Le motif de la révélation demeure également du fait de la tonalité incantatoire du discours. En effet l'anaphore du mot "pierre" et la répétition de la conjonction "car" mettent l'accent sur l'aspect incantatoire. [...]
[...] une intertextualité propre à encrer dans la créolité, une poétique du divers, comme nouvelle identité II- cadre d'une esthétique a. marquée par la parole > poétique de l'oralité b. enjeux de la répétition : militant, de la trace, marque d'oralité c. Esthétique du chaos> méta poétique III- Une poétique baroque: du foisonnement par l'instance a. une poétique du "divers"> Le baroque, réaction contre l'instauration de l'ordre rationnel appartient à l'ordre (ou au désordre de l'oralité b. Pierre-Monde qui renvoie l'écrivain à sa propre situation dans ce "chaos monde" > guerrier > reitere le discours militant> éthique de la résistance. [...]
[...] Néanmoins, le motif de la révélation demeure puisque ce n'est qu'à ce moment là que ses livres semblent "s'éveiller" dans "cette houle émotive". Cette tonalité incantatoire met en exerbe la poétique de l'oralité présente chez Chamoiseau. En effet le discours de Chamoiseau est marqué par la parole qui amène une esthétique particulière. L'apostrophe, ou du moins l'absence de determinant parfois devant un nom : "pierre", "Guerrier" permet de marquer le discours d'une certaine oralité, de plus les nombreuses accumulations permettent d'articuler la parole. [...]
[...] Plus que d'inscrire cette poétique du divers dans l'oralité, Chamoiseau inscrit également son discours dans une esthétique du "chaos". En effet il a "elu le Divers en prisme de vision", qu'il illustre par une abondance de notion présentées en contradictions :"une harmonie née des disharmonies, "une unité troublée d'unicité" . qui "tisse" le discours de Chamoiseau en "discordance". Ce chaos s'illustre également par l'occurence des accumulation et notamment lorsque il énumère les genres et les oeuvres qui ont marquées sa vie, comme s'il s'agissait d'une source inépuisable. [...]
[...] instaure cette dimension quasi prophétique épique > discours transcendant. Conclusion: Ainsi cette notion de "Pierre-Monde" plus que l'amorce d'une révélation identitaire est prétexte à une poétique du divers basée sur l'esthétique du chaos et la place accordée à l'oralité. De plus au travers d'une poétique baroque, le caractère transcendant du discours semble mettre en exerbe l"écrire", mené par le guerrier qui lutte pour ne pas être replié sur un imaginaire soumis à un impérialisme mondialisé. En ce sens on pourrait se demander si les objectif de Chamoiseau sont vraiment atteint dans le sens ou plus qu'une unité si c'est une unicité qui est célébrée, on pourrait se demander alors si la diversité ne servirait pas plutôt à nier l'altérité. [...]
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