Arnolphe est un personnage très complexe, que l'on a parfois du mal à comprendre pour différentes raisons.
Il s'agit d'une personne qui veut avant tout s'imposer, et qui cherchera à le faire tout au long du texte grâce au pouvoir de la parole. Pour lui, il n'y a qu'un avis possible, le sien. Dans le texte, il essaie de convaincre Agnès de rester avec lui. Pour cela, il essaye de l'écraser par son flot de paroles. Il répond plus longuement qu'elle à presque chacune de ses répliques. Pour paraître plus fort et la rabaisser, il lui parle des femmes, qu'il qualifie de « traîtresses ». Il utilise le pronom démonstratif « ces » comme s'il les pointait du doigt ou la pointait, elle, du doigt. Il veut ainsi l'écraser sous le poids de cette comparaison en la prenant à une grande échelle : « tout le monde ». Il ne fait que la rabaisser pour la rendre plus insignifiante encore et s'affirmer plus (« leur esprit est méchant et leur âme est fragile »). Il essaye en même temps de la culpabiliser d'être ce qu'elle est, une femme.
[...] Il est même parfois à la limite du tragique avec ce champ lexical : regard mourant cruelle et flamme Il est quelquefois ridicule, voire comique : Veux-tu que je m'arrache un côté de cheveux ? et les expressions je te bouchonnerai et mangerai C'est un personnage capricieux également. Quand elle lui dit quelque chose qu'il aime, il la tutoie tu le peux, si tu veux alors que quand il est énervé, il la vouvoie vous rebutez Cependant, ses paroles perdent peu à peu de leur pouvoir. Arnolphe est dépendant de l'amour d'Agnès et il en souffre. [...]
[...] Quoi qu'il dise, ses sentiments envers lui ne changeront pas. En deux vers, elle abolit ce qu'il lui a dit en de longs discours et répliques. Il peut bien lui faire toutes les promesses du monde Et tu seras cent fois plus heureuse avec moi aucune de ses paroles ne chamboule son cœur. Le rapport de force est également aboli avec le déchaînement et les menaces d'Arnolphe à la fin, qui ne se contrôle plus, ni lui, ni son langage, ni son éloquence un cul de couvent me vengera de tout Le changement du registre de langue est flagrant et montre bien qu'Agnès a pris le dessus sur lui et sur son apparent et feint contrôle. [...]
[...] Le personnage d'Agnès évolue au fil du texte. Elle comprend qu'elle a été sujette à une manipulation Vous avez là-dedans bien opéré vraiment Elle utilise l'ironie pour décrire l'éducation qu'Arnolphe lui a donnée : Et m'avez fait en tout instruire joliment Elle insiste sur le fait que c'est lui avec le possessif m'avez fait Elle utilise une question rhétorique pour bien montrer ce qu'elle a compris : Croit-on que [ . ] suis une bête ? Le parallèle entre elle et une bête ne fait aucun doute quant à sa compréhension des instructions d'Arnolphe : la rendre sotte. [...]
[...] Cela énerve Arnolphe au plus haut point. Le rapport de force, avant flagrant, entre Agnès et Arnolphe, connaît un grand changement à cause de la rébellion d'Agnès qui change la donne. Elle ne craint plus Arnolphe qui, malgré ses longues répliques, ne l'empêche pas de dire ce qu'elle a à dire, même si cela ne lui plaît pas. La violence d'Arnolphe ne lui fait plus non plus peur, malgré son intensité quelques coups de poing satisferaient mon cœur Elle lui répond nonchalamment qu'il peut le faire, mais que cela ne changera strictement rien. [...]
[...] Il a le monopole de la parole. Ainsi, il peut imposer sa façon de penser, sa volonté et ses dires sans risquer d'être interrompu. Son pouvoir est accentué par l'utilisation, de nombreuses fois, de pronoms possessifs tels que ma main mon cœur et ma tendresse mais également du pronom personnel je qui est le sujet de beaucoup de verbes employés par lui : je ne sais je vois et Je ne m'explique point Pour lui, il n'y a qu'un sujet important, et c'est lui-même. [...]
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