Claude Roy a écrit, à propos de Marguerite Duras qu' « Elle a toujours écrit en épurant de plus en plus : chaque fois un peu moins de mots et un peu plus de silences, un peu moins de cantabile et un peu plus de moderato. Elle a toujours vécu en ajoutant sans retrancher. »
Et il est vrai que l'Amant, pour lequel elle a obtenu le Prix Goncourt en 1984, a donné à son auteur une place à part dans la production romanesque du XXe siècle (...)
[...] Ainsi, le dialogue, en utilisant plusieurs niveaux de discours, peut à la fois exprimer le non-dit, la confusion, ou au contraire la banalité de certaines paroles et le côté instantané de leur rencontre. Conclusion Cette scène de première rencontre montre bien la force de l'écriture de Duras, qui parvient à rendre hommage aux codes de la littérature romanesque tout en les détournant par la suite. La simplicité du style et les procédés d'écriture viennent contraster avec la profondeur devinée des personnages, leur ambiguïté, et leurs difficultés à venir dans un monde colonial marqué par de profonds clivages. [...]
[...] Alors il le lui demande : mais d'où venez-vous ? Elle dit qu'elle est la fille de l'institutrice de l'école de filles de Sadec. Il réfléchit et puis il dit qu'il a entendu parler de cette dame, sa mère, de son manque de chance avec cette concession qu'elle aurait achetée au Cambodge, c'est bien ça, n'est-ce pas ? Oui c'est ça. Il répète que c'est tout à fait extraordinaire de la voir sur ce bac, une jeune fille belle comme elle l'est, vous ne vous rendez pas compte, c'est très inattendu, une jeune fille blanche dans un car d'indigène. [...]
[...] Marguerite Duras, L'Amant, La rencontre du riche Chinois Introduction Claude Roy a écrit, à propos de Marguerite Duras qu' Elle a toujours écrit en épurant de plus en plus : chaque fois un peu moins de mots et un peu plus de silences, un peu moins de cantabile et un peu plus de moderato. Elle a toujours vécu en ajoutant sans retrancher.» Et il est vrai que l'Amant, pour lequel elle a obtenu le Prix Goncourt en 1984, a donné à son auteur une place à part dans la production romanesque du XXe siècle. [...]
[...] Tout d'abord il lui offre une cigarette. Sa main tremble. Il y a cette différence de race, il n'est pas blanc, il doit la surmonter, c'est pourquoi il tremble. Elle lui dit qu'elle ne fume pas, non merci. Elle ne dit rien d'autre, elle ne lui dit pas laissez-moi tranquille. Alors il a moins peur. Alors il lui dit qu'il croit rêver. Elle ne répond pas. Ce n'est pas la peine qu'elle réponde, que répondrait-elle. [...]
[...] L'hommage à la tradition Marguerite Duras reprend quelques lieux communs de la littérature amoureuse dans sa scène de première rencontre et de coup de foudre. On a pu notamment comparer cette scène à la rencontre de Mme Arnoux et Frédéric Moreau dans L'Education sentimentale de Flaubert. En effet : - la scène d'amour éclipse les autres personnages - les deux scènes sont entourées d'eau (la Seine et le Mékong) - cependant, le rapport d'âges est inversé - les hommes sont, dans les deux cas, très timides (pour des raisons diverses cependant) et finalement loin des stéréotypes donjuanesques. [...]
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