Notre poème est le 48ème des Regrets, recueil de sonnets écrit par Joachim Du Bellay pendant son séjour à Rome, entre 1553 et 1557. Dans les Regrets, Du Bellay a revendiqué le mélange des genres. On trouve ainsi dans son oeuvre d'abord une partie élégiaque, puis une partie satirique, et enfin une partie encomiastique. Cependant le passage d'une partie à une autre n'est pas brutal, mais articulé par des sonnets « de transition ». C'est le cas du sonnet 48 ; il possède de nombreuses caractéristiques de l'élégie, mais comporte aussi quelques éléments satiriques subtils qui préparent le lecteur à la suite de l'oeuvre.
Il s'agit d'un sonnet marotique en alexandrins. On peut distinguer plusieurs mouvements :
Dans le 1er quatrain, Du Bellay exprime sa vision du bonheur, pouvoir jouir de la liberté de s'exprimer. Lui-même n'est pas heureux, il l'explique au cours du second quatrain et du 1er tercet : non seulement il ne se plaît pas à Rome, mais surtout il ne peut extérioriser sa pensée car cela mettrait son oncle, le cardinal Jean Du Bellay, en mauvaise posture. Dans le 2nd tercet, il confère à sa douleur une dimension universelle qui dépasse le simple « je poétique ».
On peut distinguer plusieurs axes de lecture :
- L'Expression élégiaque d'une plainte, qui exprime une double souffrance : celle d'un exilé déçu par Rome, mais surtout la douleur ne pouvoir l'exprimer.
- La construction d'un véritable « ethos poétique » par le « je ».
- L'Arrière-plan satirique qui se met en place. (...)
[...] Dans les Regrets, Du Bellay a revendiqué le mélange des genres. On trouve ainsi dans son œuvre d'abord une partie élégiaque, puis une partie satirique, et enfin une partie encomiastique. Cependant le passage d'une partie à une autre n'est pas brutal, mais articulé par des sonnets de transition C'est le cas du sonnet 48 ; il possède de nombreuses caractéristiques de l'élégie, mais comporte aussi quelques éléments satiriques subtils qui préparent le lecteur à la suite de l'œuvre. Il s'agit d'un sonnet marotique en alexandrins. [...]
[...] En arrière plan, déjà une critique contre Rome : si il est contraint de ne pas écrire pour ne pas offenser, c'est bien qu'il a quelque chose d'offensant à dire. Et cette chose, ce qui doit être tue, est tout à fait objectivement une chose vraie, puisque c'est la vérité elle-même qui le contraint de penser cela. vérité est mis en valeur à la césure, au v.2, + rime interne avec penser = écho sonore qui font résonner ces deux termes et les mettent en valeur. Dès lors, je poétique apparaît comme détenteur de la vérité. [...]
[...] Nouvelle marque d'élégie : l'interjection las en position forte à l'attaque du quatrain suivi du pourquoi On peut parler d'une sorte de topos lyrique, comme celui de l'ubi sunt. De plus, le retour du je est marqué, renforcé par le pronom la mienne justes regrets regrets= titre du recueil (sa plainte serait alors les poèmes qu'on est en train de lire ; cela prépare le lecteur pour la partie satirique : les poèmes que nous lisons sont dc ceux que la vérité lui a inspiré, justes, deux valeurs qui sont du côté du je poétique, alors que Rome n'est que mensonge et vice.) 2ème quatrain= parallélisme ; deux interrogations rhétoriques qui prennent chacun deux vers. [...]
[...] Sa parole, originale, passe tantôt par la dimension lyrique classique du je tantôt par une tournure impersonnelle = qui acquiert une dimension universelle (toucher le lecteur de différentes façons). Le je poétique, qui dépasse dc la simple dimension bio, en est ainsi valorisé, permettant de glisser quelques éléments satiriques contre Rome, annonçant la suite du recueil. [...]
[...] plainte amplifiée par la dimension lyrique de la courte phrase nominale, qui est exclamative. il apostrophe sa peine, qui est personnifiée, associée à l'adjectif sujette, lui-même précédé de l'adverbe trop qui lui confère une dimension quasi hyperbolique. Sa peine apparaît donc d'autant plus énorme qu'elle ne peut s'exprimer au grand jour . Ce tercet, en présentant la souffrance du poète, donne indirectement une image très négative du on qui le fait souffrir. Ce on reste vague, mais il s'agit bien de Rome et de sa cour : ils sont décrits comme ceux qui le torture, les mots sont forts, et qui sont spectateurs passifs devant sa tourmente. [...]
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