L'extrait est tiré de la première scène de La Double Inconstance, comédie de Marivaux, figure du théâtre du 18e siècle avec nombre de pièces telles Le Jeu de l'Amour et du Hasard ou L'Ile des Esclaves. Il s'agit d'un dialogue entre Trivelin et Silvia qui est sur le point de sortir de scène.
Ce passage qui ouvre la représentation théâtrale représente donc un véritable enjeu pour le dramaturge : il doit à la fois présenter le décor, les personnages et l'action de sa pièce tout en captant l'attention du lecteur et/ou du spectateur. Ainsi, nous pouvons nous interroger sur les moyens et stratégies stylistiques que Marivaux utilise pour relever ce défi et comment ils répondent aux exigences dramaturgiques classiques.
[...] La Double Inconstance, Marivaux : acte I scène 1 TRIVELIN Mais, Madame, écoutez-moi. SILVIA Vous m'ennuyez. TRIVELIN Ne faut-il pas être raisonnable ? SILVIA, impatientée. Non, il ne faut pas l'être, et je ne la serai point. TRIVELIN Cependant . SILVIA, avec colère. Cependant, je ne veux point avoir de raison; et quand vous recommenceriez cinquante fois votre cependant, je n'en veux point avoir : que ferez-vous là ? TRIVELIN Vous avez soupé hier si légèrement, que vous serez malade si vous ne prenez rien ce matin. [...]
[...] SILVIA Je ne l'empêche pas, il est le maître; mais faut-il que je l'aime, moi ? Non; et il ne le faut pas, parce que je ne le puis pas : cela va tout seul, un enfant le verrait, et vous ne le voyez pas. TRIVELIN Songez que c'est sur vous qu'il fait tomber le choix qu'il doit faire d'une épouse entre ses sujettes. SILVIA Qui est-ce qui lui a dit de me choisir ? M'a-t-il demandé mon avis ? [...]
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