L'ultime chapitre du Double, deuxième roman de Dostoïevski paru en 1846, constitue un dénouement chargé de sens. Suite à la lettre douteuse envoyée par Clara Oulsofievna la fille de son bienfaiteur, qui somme Goliadkine de la sauver des griffes d'un hypothétique mariage forcé, le héros se rend à la demeure d'Olsoufii Ivanovitch. Goliadkine, tapi dans l'arrière cour de la maison, attend en vain un signal de la jeune fille.
[...] Il subsiste peu avant la disparition du héros une incertitude quant à l'identité du docteur qui n'est pas clairement référencé, je cite : un homme dont la seule vue glaça Mr goliadkine l'inconnu p253 néanmoins , les éléments insérés mais tout à coup ou encore soudain ponctuent le récit et accélèrent l'action dans la seconde partie du chapitre. L'horizon d'attentes du lecteur est entretenu par les interrogations que contient le monologue intérieur de goliadkine que va-t- il se passer? p250. [...]
[...] Cette phrase semble être le signe avant-coureur du dédoublement de Goliadkine dans le sens où le terme brîser induit une idée de morcellement et d'éclatement semblable à une kyrielle de Goliadkine tous absolument pareils dans l'ultime chapitre 254). Par ailleurs cette phrase est prononcée avant même l'apparition du double comme si le docteur savait à l'avance. Il donc lui aussi à une dualité - certes moindre - qui résulte de sa duplicité. Le chapitre XIII repose donc sur une construction binaire que ce soit dans le registre utilisé, le comportement des personnages - Goliadkine et le docteur en tête - ainsi que la structure du passage qui se fait en deux temps. [...]
[...] Le transfert social : de Goliadkine à son double C'est sur un transfert social tacite, passé sous silence que va se construire la fin. Goliadkine est victime d'un traquenard orchestré par ses collègues et celle qu'il prétend épouser la lettre de Clara qui est la raison de sa présence) jusqu'à l'apparition de Christian ivanovitch qui induira la disparition définitive du héros laissant place à son double. La place du double est ponctuelle et stratégique, car il est présent à chacune des étapes de la mise à mort. Il accueille goliadkine entrez donc! [...]
[...] mais qu'est-ce qui me prend de parler de ça, ce n'est pas de ça que je veux parler ? 240). On assiste ainsi par le biais du discours direct libre à une forme de dédoublement de personnalité où Goliadkine est simultanément le locuteur et l'interlocuteur de sa propre personne. L'inconstance de son comportement se reflète en outre dans son appréciation de Goliadkine cadet qu'il considère un temps plutôt aimable de sa personne 251), un autre temps d'une perfidie totale. Une autre marque paradoxale du personnage s'exprime dans sa décision de quitter son campement improvisé, car dit-il il n'y avait plus de raison d'attendre 246) et sa résolution tout bien considéré de revenir sur ses pas. [...]
[...] Cet état de gel, d'immobilité sociale est illustré et avéré à la p254 lors de l'entrée du docteur, un homme dont la seule vue glaça m goliadkine. Ses pieds furent cloués au sol et plus loin p257 son cœur se glaça L'état préalable de Goliadkine, sa position à l'ouverture du chapitre où il se trouve tapi dans l'obscurité reflète l'insignifiance qu‘il inspire habituellement. Lui est en bas donc en marge et les autres en haut p247 où la peur le paralyse. Il ne se reconnait même pas lui-même. [...]
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