Anticonformiste, marginal, Rimbaud étouffe à Charleville au point de fuguer à plusieurs reprises dans la région dévastée par la guerre de 1870. Dans quelques uns de ses poèmes d'ailleurs, il exprime sa révolte contre la guerre et ses barbaries comme Le Mal, Les Corbeaux, ou Le dormeur du val.
Ce dernier poème publié pour la première fois en 1888, est remarquable car le jeune poète alors âgé de seize ans ne recourt pas au ton de l'indignation, il feint de découvrir avec le lecteur le spectacle désolant des la mort comme un phénomène anodin. Le choc provoque ainsi la stupeur et accentue encore plus la dénonciation. Une subtile opposition est donc entretenue entre l'évocation d'un spectacle charmant et la réalité cruelle du sommeil de la mort. Nous étudierons successivement cette évocation de la beauté de la nature puis la découverte d'une réalité tragique (...)
[...] Le choc provoque ainsi la stupeur et accentue encore plus la dénonciation. Une subtile opposition est donc entretenue entre l'évocation d'un spectacle charmant et la réalité cruelle du sommeil de la mort. Nous étudierons successivement cette évocation de la beauté de la nature puis la découverte d'une réalité tragique. Le sonnet de Rimbaud semble être construit sur un mouvement de resserrement progressif du champ visuel puisque le regard part d'un panorama d'un petit val se rapproche du personnage étendu dans l'herbe (v.7) et détaille son sourire, sa narine (v.12), sa main sur sa poitrine (v.13). [...]
[...] C'est ce dispositif qui produit sur le lecteur une émotion particulière et qui explique la célébrité du sonnet. Une autre vertu du procédé de composition choisi par Rimbaud réside dans la sobriété, la simplicité de ce réquisitoire indirect contre la guerre. Ces images de bonheur que le poème nous propose ne sont pas seulement des fausses pistes destinées à mettre en relief un dénouement spectaculaire, ce sont aussi des arguments contre la guerre. Cet éloge de la vie semble de combiner avec une image sublimée de la mort. [...]
[...] Ce sonnet affecte de banaliser la mort du soldat, de tout soldat Le dormeur du titre devient vite un soldat (v.5). Sourire, chaleur, bercement, couleurs, effusion des sens : son du côté de la Nature alors que l'insensibilité, l'immobilité, le froid et la maladie sont du côté du soldat. Le déséquilibre est injuste. En usant de la mort au sein de la bonne Nature Rimbaud exacerbe aussi le scandale de la guerre. L'association de la mort avec la Nature rend la guerre d'autant plus inhumaine et inacceptable. [...]
[...] La description du personnage est mise en place grâce au champ lexical du corps. Le personnage est introduit dans le deuxième quatrain avec la mention de son identité soldat (v.5) et de son âge jeune (v.5). Puis la description commence par le haut du corps : bouche tête nuque (v.6) puis descend jusqu'aux pieds (v.9) pour terminer sur l'élément essentiel au corps humains : le coeur situé dans la poitrine (v.13) où l'on peut découvrir sa blessure deux trous rouges au côté droit (v.14 )autrement dit la cause de l'endormissement. [...]
[...] Évoquer au sujet du soldat qu'il a froid au lieu d'exprimer : il est froid revient à refuser de croire qu'il est mort, à manifester la douleur dans l'acceptation de la mort. L'indétermination du lieu, la valeur des présents d'habitude font de ce sonnet une dénonciation de toutes les guerres, rendant hommage à tous les combattants morts. [...]
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